3. Prévention de la traite des êtres humains, de la criminalité et de la radicalisation

Introduction

Description :

Ce module explore les risques interconnectés de la traite des êtres humains, de la radicalisation et de la criminalité parmi les mineurs réfugiés non accompagnés et les jeunes demandeurs d’asile. Il donne un aperçu complet des facteurs structurels, psychologiques et sociaux qui augmentent la vulnérabilité, en mettant l’accent sur la prévention et l’intervention précoce. S’appuyant sur des pratiques fondées sur des données probantes, des exemples concrets et des stratégies intersectorielles, le module fournit aux professionnels des connaissances, des outils et des approches pour protéger les jeunes réfugiés et favoriser leur bonne intégration dans la société.

Objectif :

L’objectif de ce module est d’approfondir la compréhension des participants sur les facteurs qui conduisent au trafic, à l’exploitation criminelle et à la radicalisation des jeunes réfugiés, et de développer les aptitudes et les compétences nécessaires pour prévenir et répondre à ces défis par le biais d’interventions holistiques, informées des traumatismes et sensibles à la culture.

Résultats de l'apprentissage :

A la fin de ce module, les participants seront capables de :

Connaissances
  • Définir la traite des êtres humains, la radicalisation et la criminalité dans le contexte des jeunes réfugiés.
  • Expliquez comment les traumatismes, l’exclusion sociale et la perte d’identité contribuent à la vulnérabilité.
  • Identifier les effets d’entraînement des réseaux criminels transfrontaliers.
Compétences
  • Reconnaître les premiers signes d’exploitation et de radicalisation.
  • Appliquer des outils pratiques de prévention et d’intervention, y compris les soins tenant compte des traumatismes, le mentorat et la coopération intersectorielle.
  • Communiquer efficacement et avec tact avec les jeunes réfugiés et leurs familles.
Compétences
  • Concevoir et mettre en œuvre des programmes de prévention adaptés à la culture.
  • Instaurer la confiance et des espaces sûrs qui favorisent l’appartenance et la résilience.
  • Collaborer avec les parties prenantes de tous les secteurs pour s’attaquer aux causes profondes et protéger les jeunes à risque.

Traite des êtres humains, radicalisation et risque criminel chez les jeunes réfugiés

Les risques interconnectés auxquels sont confrontés les jeunes réfugiés :

Les mineurs réfugiés non accompagnés et les jeunes demandeurs d’asile sont confrontés à des dangers qui se chevauchent et qui vont bien au-delà de leur besoin immédiat de sécurité et d’abri. La traite des êtres humains, la radicalisation et l’implication dans des réseaux criminels ne sont pas des problèmes isolés – ce sont des risques interconnectés qui se renforcent souvent les uns les autres.

La traite des êtres humains exploite l’extrême vulnérabilité des enfants et des jeunes en déplacement. De nombreux jeunes réfugiés n’ont ni famille stable, ni protection juridique, ni ressources financières, ce qui en fait des cibles faciles pour les trafiquants qui leur promettent la sécurité, un travail ou un sentiment d’appartenance. Une fois sous le contrôle des trafiquants, les jeunes peuvent être contraints à l’exploitation sexuelle, au travail forcé ou à des activités criminelles.

La radicalisation peut également s’installer dans ce contexte d’instabilité et de traumatisme. Certains groupes extrémistes ciblent délibérément les jeunes réfugiés marginalisés en leur offrant un sentiment d’identité, d’objectif et de communauté qu’ils ont perdu. Les jeunes qui sont victimes de discrimination, d’isolement ou de violence sont plus sensibles aux récits extrémistes qui présentent les actes criminels ou violents comme une résistance justifiée ou comme une voie vers la dignité.

L’implication dans des réseaux criminels est souvent à la fois une cause et une conséquence de la traite et de la radicalisation. Les groupes criminels organisés – y compris les gangs et les réseaux de passeurs – exploitent les mineurs réfugiés en.. :

  • Les utiliser pour transporter des drogues ou des armes à travers les frontières
  • Travail forcé
  • Faire pression sur eux pour qu’ils recrutent d’autres pairs vulnérables
  • les forcer à commettre des vols, des fraudes ou des violences en guise de remboursement ou d’initiation à la dette
  • Les exposer à une idéologie extrémiste qui brouille la frontière entre le crime et la violence politique.

Les utiliser pour transporter des drogues ou des armes à travers les frontières

Travail forcé

Faire pression sur eux pour qu'ils recrutent d'autres pairs vulnérables

les forcer à commettre des vols, des fraudes ou des violences en guise de remboursement ou d'initiation à la dette

Les exposer à une idéologie extrémiste qui brouille la frontière entre le crime et la violence politique.

Ces risques se renforcent mutuellement :

  • Un jeune victime de la traite à des fins de travail forcé peut également être exposé à une idéologie radicale.
  • Un jeune impliqué dans une activité criminelle peut faire l’objet d’un chantage ou de menaces l’incitant à s’enfoncer davantage dans l’exploitation.

Les expériences de racisme et d’exclusion alimentent les sentiments de désespoir, ce qui renforce l’attrait des gangs et des groupes extrémistes.

Un jeune victime de la traite à des fins de travail forcé peut également être exposé à une idéologie radicale.

Un jeune impliqué dans une activité criminelle peut faire l'objet d'un chantage ou de menaces l'incitant à s'enfoncer davantage dans l'exploitation.

Les expériences de racisme et d'exclusion alimentent les sentiments de désespoir, ce qui renforce l'attrait des gangs et des groupes extrémistes.

Il est essentiel de comprendre ces liens. Pour être efficaces, la prévention et l’intervention doivent reconnaître que la traite, la radicalisation et l’exploitation criminelle ont souvent les mêmes causes profondes : traumatisme, déplacement, pauvreté, isolement et discrimination.

Lorsqu’ils travaillent avec des jeunes réfugiés, les professionnels doivent faire face à ces menaces interdépendantes en protégeant les enfants contre l’exploitation tout en encourageant la confiance, l’appartenance et les alternatives positives.

Définition de la traite des êtres humains

Le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace, le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, l’enlèvement, la fraude, la tromperie, l’abus de pouvoir ou d’une situation de vulnérabilité, ou l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre, à des fins d’exploitation. Pour plus d’informations, veuillez consulter le Protocole des Nations Unies visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée | OHCHR

Réseaux organisés de passeurs et mineurs réfugiés

Outre la traite, il existe un problème croissant de groupes criminels organisés qui font passer clandestinement des migrants, souvent au prix de risques extrêmes pour les migrants eux-mêmes et d’énormes profits pour les délinquants. Si le trafic de migrants et la traite sont juridiquement distincts, dans la pratique, ils se chevauchent fréquemment, en particulier dans le cas des mineurs réfugiés non accompagnés.

Qu’est-ce que le trafic de migrants ?

Le trafic de migrants implique généralement
Faciliter l’entrée illégale d’une personne dans un pays dont elle n’est pas ressortissante ou résidente, afin d’obtenir, directement ou indirectement, un avantage financier ou un autre avantage matériel.
Contrairement à la traite, le mouvement initial peut être volontaire. Cependant, en réalité, de nombreux migrants clandestins sont soumis à des abus, à l’exploitation ou à des conditions mettant leur vie en danger, en particulier les enfants.

Risques élevés de trafic pour les jeunes non accompagnés

Pourquoi les mineurs non accompagnés et les demandeurs d’asile sont-ils exposés à un risque élevé de traite ?
Absence de protection
Ils voyagent seuls, sans adultes pour assurer leur sécurité ; la dépendance à l’égard des passeurs les rend vulnérables.
Exploitation pendant le transit
La contrebande se transforme souvent en traite ; les enfants peuvent être vendus, forcés à subir des abus sexuels, à mendier ou à travailler.
Coercition et tromperie
Les passeurs promettent la sécurité, mais utilisent la violence, les menaces ou l’extorsion pour exploiter les enfants.
La servitude pour dettes
Les familles paient des sommes importantes pour le passage ; les enfants se sentent obligés de rembourser en travaillant dans des conditions d’exploitation.
Absence de statut juridique
Sans documents valables, les enfants craignent les autorités ; les trafiquants exploitent cette peur de l’expulsion.
Déconnexion
La séparation d’avec la famille et la communauté laisse les enfants isolés et sans soutien.

Exemples de risques spécifiques aux mineurs non accompagnés :

  • Ils sont contraints de travailler dans des ateliers clandestins ou dans des exploitations illégales de cannabis pour rembourser leurs dettes de contrebande.
  • Exploitation sexuelle en échange de nourriture, d’un abri ou de la poursuite du voyage.
  • être contraint de commettre des délits tels que le vol, la distribution de drogue ou la fraude documentaire.
  • Ils sont détenus dans des camps de transit sous garde armée jusqu’à ce que les familles paient des rançons.

Pour les professionnels travaillant avec des enfants réfugiés

En quoi cela est-il important pour les professionnels travaillant avec des enfants réfugiés ?

Les mineurs non accompagnés ne sont pas simplement des « migrants en transit ». Ils font partie des enfants les plus à risque au monde, ciblés par des groupes criminels organisés opérant au-delà des frontières.

Principales implications pour les praticiens :

  • Ne partez jamais du principe que le mouvement de l’enfant était entièrement volontaire, même s’il semble avoir donné son accord.
  • Vérifiez toujours la présence d’indicateurs de traite et d’exploitation.
  • Comprenez que les réseaux de passeurs peuvent continuer à exercer un contrôle sur les mineurs longtemps après leur arrivée.
  • Reconnaissez que la peur des autorités peut empêcher la divulgation d’informations – il est essentiel de créer un environnement sûr et d’instaurer un climat de confiance.

Ne partez jamais du principe que le mouvement de l'enfant était entièrement volontaire, même s'il semble avoir donné son accord.

Vérifiez toujours la présence d'indicateurs de traite et d'exploitation.

Comprenez que les réseaux de passeurs peuvent continuer à exercer un contrôle sur les mineurs longtemps après leur arrivée.

Reconnaissez que la peur des autorités peut empêcher la divulgation d'informations - il est essentiel de créer un environnement sûr et d'instaurer un climat de confiance.

Radicalisation :

Les processus de radicalisation peuvent être caractérisés par l’idéologie, la politique ou la religion.

La radicalisation implique que les individus s’éloignent progressivement des principes démocratiques de la société tout en justifiant le recours aux menaces et à la violence pour atteindre leurs objectifs. Les actes de violence commis dans un but idéologique, religieux ou politique sont qualifiés d’extrémisme violent.

La radicalisation : Un processus profond

La radicalisation est un processus dynamique et souvent progressif par lequel des individus adoptent des idéologies radicales. Il peut s’agir de convictions politiques, sociales ou religieuses qui vont à l’encontre de ce qui est considéré comme acceptable au sein de la société. Le processus comprend généralement plusieurs étapes, notamment l’exposition à des idées radicales, l’acceptation de ces idées comme faisant partie de l’identité de l’individu et, enfin, la mobilisation en faveur de l’action. En cours de route, la personne peut être soumise à des pressions et à des influences plus ou moins fortes de la part d’individus et d’environnements. Pour certains, le processus aboutit à une action planifiée ou impulsive, tandis que d’autres s’arrêtent ou font demi-tour en cours de route.

Extrémisme violent : Le passage à l’action

L’extrémisme violent représente le stade le plus grave de la radicalisation, lorsque des individus ou des groupes passent de l’adhésion à des idées radicales à l’exécution d’actes de violence. Il peut s’agir d’attentats terroristes, de violences contre des personnes ou de tentatives de déstabilisation de la société. Les motivations de l’extrémisme violent peuvent varier, allant des programmes politiques ou religieux à la vengeance ou à la perception d’une menace pour l’identité d’une personne. Le lien entre la radicalisation et l’extrémisme violent est complexe et diversifié, en fonction du contexte et des facteurs individuels. Il est important de connaître le cheminement vers la radicalisation, à la fois pour la prévention et pour aider les gens à se désengager.

Caractéristiques des processus de radicalisation

Les processus de radicalisation varient en durée et en contenu. Certains individus y passent des années et ne commettent jamais d’actes de violence, tandis que d’autres peuvent s’engager dans la violence extrémiste après seulement quelques semaines ou quelques mois. N’attendez pas de voir. Explorez et partagez vos préoccupations.

La recherche d’une appartenance sociale, d’une identité, d’un sens et d’une protection sont des facteurs et des moteurs centraux au début de nombreux processus de radicalisation.

Le contact avec un radicalisateur, qui motive ou invite quelqu’un à entrer dans une communauté extrémiste, peut encore accélérer le processus de radicalisation. La personne et le message qu’elle transmet peuvent créer un sentiment d’appartenance, de sécurité et d’utilité. Le degré de pression ou de persuasion peut varier. Certains processus sont enclenchés lorsqu’un ou plusieurs radicalisateurs entrent en contact avec une personne, la « préparent » ou l’invitent d’une manière ou d’une autre à entrer dans une communauté. Le début du processus peut être caractérisé par le volontariat et l’indépendance, mais ceux-ci peuvent être progressivement remplacés par la coercition, les menaces ou les exigences de loyauté.

Le toilettage dans la radicalisation fait référence à un effort délibéré et systématique de la part d’un radicalisateur pour établir une relation de confiance et un lien émotionnel avec une personne au fil du temps, dans le but d’influencer ses croyances et ses comportements. Le processus commence souvent par des interactions apparemment anodines – amitié, soutien ou compréhension des difficultés personnelles. Progressivement, le radicalisateur introduit des idées et des récits extrémistes, en les présentant comme des solutions aux problèmes de la personne ou comme un moyen d’atteindre un but et d’appartenir à un groupe. Au fur et à mesure que la confiance s’installe, la personne peut être isolée de toute autre perspective et devenir de plus en plus dépendante du radicalisateur pour sa validation et son identité. Cette manipulation peut aller jusqu’à exiger la loyauté, la participation à des activités illégales ou l’acceptation de la violence comme étant justifiée.

Le processus de radicalisation ne dépend pas de rencontres physiques. La radicalisation peut se produire en ligne, sur les médias sociaux et dans les salons de discussion. Les relations en ligne peuvent être tout aussi importantes que les amitiés physiques et doivent donc être considérées comme tout aussi importantes.

Il peut y avoir des périodes où le doute rend la personne incertaine. Dans d’autres périodes, le processus s’intensifie et la conviction est forte. Notre influence est toujours plus grande au début du processus et lorsque la personne est en proie au doute et à l’incertitude.

Criminalité

La criminalité est l’état ou la qualité d’un comportement qui viole la loi. Elle fait référence à la commission d’actes qui sont définis comme des crimes par les systèmes juridiques, ce qui englobe tout, des délits mineurs à la criminalité grave et organisée. Plus simplement, la criminalité est la tendance à commettre des actes illégaux.

La criminalité fait référence aux comportements et aux actions des jeunes qui enfreignent la loi. Il peut s’agir d’un large éventail d’activités illégales, allant de délits mineurs tels que le vandalisme, le vol ou la consommation d’alcool avant l’âge légal, à des crimes plus graves tels que l’agression, le vol ou la violence liée aux gangs.

Chez les jeunes, la criminalité est souvent déterminée par des facteurs tels que la pression des pairs, l’absence de modèles positifs, une situation familiale difficile, l’exclusion sociale ou la recherche d’une identité et d’une appartenance. Une implication précoce dans un comportement criminel peut augmenter le risque de récidive et d’implication plus profonde dans des environnements criminels.

La criminalité en tant que service et le gangfluencing sont des menaces particulièrement importantes pour les mineurs réfugiés non accompagnés et les demandeurs d’asile parce qu’ils combinent la portée mondiale, l’accessibilité et l’anonymat, ce qui permet aux groupes criminels de cibler plus facilement que jamais les jeunes vulnérables.

Le crime en tant que service permet à n’importe qui, y compris aux réseaux criminels organisés, d’acheter à bas prix et de manière anonyme des outils pour le piratage, la fraude, l’usurpation d’identité, les armes à feu à louer et d’autres délits. Cela abaisse la barrière à l’entrée des activités illégales et crée de nouvelles opportunités d’exploiter les jeunes réfugiés, soit en les impliquant directement, soit en volant leurs données personnelles.

Le gangfluencing utilise le pouvoir des médias sociaux pour glorifier la culture des gangs, recruter de nouveaux membres, intimider les rivaux et promouvoir des modes de vie criminels. Les jeunes réfugiés, qui sont souvent confrontés à l’isolement, à la discrimination et à la pauvreté, sont particulièrement sensibles à ce toilettage numérique. Les gangs utilisent des plateformes comme TikTok et Instagram pour offrir un sentiment d’appartenance, de l’argent rapide et un statut, attirant ainsi les jeunes dans l’exploitation et la criminalité.

Ensemble, ces tendances facilitent l’accès à l’information :

  • Cibler, contacter et manipuler des mineurs à distance à travers les frontières.
  • Exploiter leurs vulnérabilités, notamment les traumatismes, la solitude et le manque de protection.
  • Développer rapidement des opérations criminelles, avec un faible risque de détection.


Pour les professionnels qui travaillent avec les jeunes réfugiés, il est essentiel de reconnaître cette dynamique. Pour faire face aux risques, il faut non seulement des mesures d’application de la loi, mais aussi de la prévention, de l’éducation et des réseaux de soutien solides pour contrer l’influence criminelle en ligne.

Implications
Défis en matière d’application de la loi
Le Gangfluencing et le Crime-as-a-Service (CaaS) posent de nouveaux défis aux forces de l’ordre, car ils brouillent les frontières entre les activités criminelles en ligne et hors ligne. La surveillance et l’intervention dans ces activités nécessitent des outils et des stratégies sophistiqués.
Impact sur la communauté
L’influence de la culture des gangs sur les médias sociaux peut contribuer à la propagation de la violence et de la criminalité dans les communautés, ce qui rend plus difficile la lutte contre les problèmes liés aux gangs au niveau local.
Nécessité de programmes de prévention
Pour lutter contre l’influence des gangs et la criminalité en tant que service, il faut créer des programmes de prévention qui sensibilisent les jeunes aux dangers de la participation à un gang et qui proposent des alternatives positives à l’attrait de la culture des gangs. La formation à la pensée critique est un élément essentiel de ces efforts

Par essence, le gangfluencing et le Crime-as-a-Service constituent l’évolution numérique des activités traditionnelles des gangs, en tirant parti de la puissance des médias sociaux pour étendre la portée et l’influence des organisations criminelles.

Effets de débordement et mineurs non accompagnés

Les effets d’entraînement de la criminalité transfrontalière signifient que les activités criminelles d’un pays s’étendent souvent à d’autres pays. Lorsque les forces de l’ordre répriment des gangs, des trafiquants ou des réseaux extrémistes dans une région, ces groupes peuvent simplement déplacer leurs opérations de l’autre côté de la frontière, dans des endroits où les contrôles sont moins stricts.

Les mineurs non accompagnés sont particulièrement touchés :

  • Les réseaux de traite des êtres humains se déplacent souvent, ce qui accroît le risque que les enfants soient exploités en transit ou après leur arrivée.

  • Les routes du trafic de drogue et de la contrebande se déplacent vers de nouvelles régions, où des mineurs peuvent être recrutés pour transporter des marchandises ou rembourser des dettes.

  • Les groupes extrémistes exportent leur idéologie et leurs tactiques de recrutement, en utilisant des plateformes en ligne pour cibler les jeunes isolés à travers les pays. Il existe également un risque qu’un jeune qui a été radicalisé ou recruté dans un pays arrive ensuite ailleurs en tant que réfugié. Cela peut introduire involontairement l’idéologie extrémiste dans de nouvelles communautés et créer des défis supplémentaires pour les efforts de prévention et d’intégration.

Comme les mineurs non accompagnés manquent souvent de protection, ces retombées peuvent rapidement conduire à l’exploitation, à la criminalité ou à la radicalisation. C’est pourquoi la coopération transfrontalière et l’identification précoce sont essentielles pour assurer la sécurité des jeunes.

Principaux enseignements et exemples

L’effet de débordement de la criminalité transfrontalière souligne l’importance de la coopération internationale en matière de répression. La lutte contre la criminalité dans un pays nécessite souvent des efforts coordonnés au-delà des frontières afin d’empêcher les criminels de simplement délocaliser leurs activités et d’en propager les effets négatifs dans d’autres régions.

Exemple 1

La police locale norvégienne s’est inquiétée de l’implication croissante des jeunes dans les réseaux criminels, une tendance qui semble inspirée par ou directement liée aux organisations criminelles suédoises, souvent appelées « Svenske tilstander » (conditions suédoises). Cette évolution est particulièrement alarmante compte tenu de la proximité de la Norvège avec la Suède, où ces réseaux criminels sont déjà établis et opèrent activement à l’intérieur des frontières norvégiennes.

Face à cette tendance inquiétante, les autorités norvégiennes envisagent une coopération plus étroite avec leurs homologues suédois. Elles envisagent notamment la possibilité de patrouilles conjointes entre les forces de police norvégiennes et suédoises pour lutter contre l’augmentation de la criminalité transfrontalière. L’objectif est d’éviter que la situation en Norvège ne se détériore autant qu’en Suède et de réduire l’influence des réseaux criminels suédois sur le sol norvégien.

La propagation de la « condition suédoise » – Violence des gangs et inquiétudes chez les voisins nordiques

Exemple 2

Une municipalité a réinstallé un mineur non accompagné qui était arrivé en tant que réfugié d’une zone de conflit. À l’insu des autorités locales, le jeune avait déjà été recruté par un groupe extrémiste avant de quitter son pays d’origine. Après son arrivée, il a commencé à essayer de contacter des personnes partageant les mêmes idées et à partager des documents radicaux en ligne. Grâce à une surveillance étroite et à l’échange de renseignements, les services de sécurité nationaux ont identifié le risque à temps et sont intervenus avant qu’un acte violent ne soit commis.

Jeunes réfugiés en danger : radicalisation et criminalité

Appartenance et intégration

L’appartenance est un besoin humain fondamental. Pour les jeunes, en particulier ceux qui ont été contraints de fuir leur foyer, la participation à des activités sociales et culturelles est essentielle pour développer la confiance, l’estime de soi et la compréhension mutuelle. Les relations précoces permettent d’acquérir des compétences linguistiques, d’adopter des valeurs communes et d’établir des liens avec les pairs et les autorités. Lorsque ces relations font défaut, les enfants et les jeunes peuvent se sentir exclus et isolés, ce qui conduit souvent à la solitude, à des problèmes de santé mentale et à la passivité.

Les jeunes réfugiés et migrants non accompagnés sont souvent confrontés à l’exclusion juridique, sociale et émotionnelle. Ils peuvent faire l’expérience de l’invisibilité, de l’isolement et d’une constante « altérisation ». Si ces sentiments ne sont pas pris en compte, ils peuvent se transformer en frustration, en méfiance ou en un sentiment de déconnexion de la société. Avec le temps, cette déconnexion augmente le risque de crise d’identité et fait des jeunes des cibles plus faciles pour les groupes radicaux et criminels qui leur promettent un sentiment d’appartenance et une raison d’être.

Une crise d’identité survient souvent lorsque les individus s’efforcent de concilier la façon dont ils se perçoivent et la façon dont la société les perçoit. Pour les jeunes réfugiés, ce conflit peut être intensifié par la discrimination, en particulier dans des domaines tels que l’éducation et le marché du travail. Un rejet répété en raison d’un nom à consonance ethnique ou d’une origine étrangère perçue peut conduire à des sentiments d’inadéquation et de doute de soi. Avec le temps, ils peuvent intérioriser des stéréotypes négatifs, se sentir exclus de la communauté au sens large et perdre confiance dans les institutions.

L’exclusion sociale – commeles obstacles à l’éducation, à un logement stable ou aux soins de santé – aggrave encore ce sentiment d’isolement. Les jeunes qui sont poussés en marge de la société ont souvent l’impression qu’ils n’ont pas d’avenir et qu’ils n’ont pas de place dans la société. Cette situation crée un terrain fertile pour les réseaux radicaux ou criminels qui interviennent en offrant un sentiment d’identité, de respect, d’argent ou de vengeance.

Outre l’exclusion sociale et la discrimination, les jeunes réfugiés portent souvent de profondes blessures émotionnelles. Nombre d’entre eux ont connu la guerre, la violence, la torture ou la perte d’êtres chers. Les traumatismes peuvent laisser des traces durables, notamment le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), l’anxiété et la dépression. Sans soins de santé mentale appropriés, ces jeunes peuvent avoir du mal à réguler leurs émotions ou à faire face à des sentiments accablants de tristesse, de peur ou d’impuissance. Cela peut conduire à un comportement agressif, à la consommation de substances ou au repli sur soi. Pour certains, la promesse d’un contrôle, d’un but ou d’un soulagement – même par la violence ou l’extrémisme – peut être puissamment attrayante.

Le deuil est un autre facteur important. De nombreux jeunes ont perdu leur famille, leurs amis, leur maison et un sentiment de sécurité. Dans le chaos du déplacement, ils n’ont souvent ni le temps ni le soutien nécessaires pour faire face à cette perte. Un chagrin non reconnu ou refoulé peut se transformer en désespoir, en rage ou en engourdissement. Les groupes radicaux exploitent ces émotions en utilisant des messages tels que : « Ils vous ont tout pris, maintenant vous pouvez vous défendre ».

Tous ces facteurs – traumatisme, perte d’identité, exclusion sociale, deuil non résolu – sont profondément liés et peuvent se renforcer mutuellement. Le traumatisme peut conduire au repli sur soi, ce qui aggrave l’isolement et la confusion identitaire et rend plus vulnérable à la manipulation et au recrutement.

Par exemple :

Les traumatismes entraînent un repli sur soi → ce qui aggrave l’isolement → ce qui accentue la confusion identitaire → ce qui rend les jeunes plus ouverts aux influences radicales.

C’est pourquoi un soutien précoce et adapté à la culture n’est pas facultatif, il est essentiel. Aider les jeunes réfugiés à guérir, à reconstruire leur identité et à trouver des liens significatifs est le moyen le plus efficace de prévenir la spirale de la radicalisation et de la criminalité.

Stratégies, outils et approches de prévention pour les praticiens

Pourquoi l’adaptation culturelle est-elle importante ?

Les jeunes réfugiés et leurs familles sont issus de milieux culturels, religieux et linguistiques différents. Leurs expériences, leurs croyances et leurs valeurs façonnent leur façon de comprendre :

🧠 Santé mentale et traumatisme

🤝 Autorité et confiance

👨‍👩‍👧 Rôles des hommes et des femmes et obligations familiales

👫 Idées d’appartenance et de communauté

🆘 Attitudes à l’égard de la recherche d’aide

Sans adaptation culturelle, un soutien bien intentionné peut sembler hors de propos, déroutant, voire irrespectueux. Une prévention et une intervention efficaces doivent s’aligner sur les réalités culturelles afin d’instaurer la confiance et l’engagement.

🛠️ Principes clés pour des interventions culturellement adaptées

✅ 1. Respecter les différentes conceptions de la santé mentale

  • Dans certaines cultures, les traumatismes et la détresse sont exprimés par des symptômes physiques (« mon cœur est lourd », « mon corps est fatigué ») plutôt que par des étiquettes émotionnelles.
  • Les familles peuvent considérer les problèmes de santé mentale comme une source de honte ou comme un problème spirituel plutôt que psychologique.
  • Stratégie : Utilisez un langage et des métaphores adaptés à la culture. Envisagez de faire appel à des médiateurs culturels ou à des interprètes connaissant à la fois la culture d’accueil et la culture d’origine.

✅ 2. Impliquer les familles et les communautés

  • Certaines cultures privilégient la prise de décision collective par rapport à l’autonomie individuelle.
  • L’implication des membres de la famille et de personnalités respectées de la communauté peut favoriser l’acceptation et réduire la stigmatisation.
  • Stratégie : Le cas échéant, intégrez des conseils familiaux, des consultations communautaires ou des partenaires religieux pour renforcer les messages de soutien.

✅ 3. Adapter le contenu et la mise en œuvre de l’intervention

  • Les outils tels que la psychoéducation, la thérapie ou les discussions de groupe doivent être adaptés aux normes culturelles relatives à la divulgation, à la dynamique des genres et à la hiérarchie.
  • Stratégie : Utilisez des approches flexibles, telles que la narration, l’art ou des pratiques culturellement familières, au lieu d’attendre des jeunes qu’ils partagent leurs sentiments personnels dans des formats peu familiers.

✅ 4. Soyez conscient de la dynamique du pouvoir

  • Les expériences de persécution et de discrimination peuvent conduire certains jeunes et certaines familles à se méfier des autorités ou des institutions.
  • Stratégie : Établissez lentement des relations, mettez l’accent sur la confidentialité et expliquez clairement l’objectif des interventions visant à réduire la peur.

✅ 5. Former le personnel à la compétence culturelle

  • Le personnel doit savoir reconnaître les différences culturelles sans tomber dans les stéréotypes.
  • Stratégie : Fournir une formation sur la communication interculturelle, la sensibilisation aux préjugés et le contexte culturel des populations desservies.

Comprendre le lien : Santé mentale, radicalisation et criminalité

Comme nous l’avons déjà mentionné, il existe un lien étroit entre les problèmes de santé mentale et la vulnérabilité des jeunes à la radicalisation et au comportement criminel. Cela ne signifie pas que les personnes souffrant de problèmes de santé mentale sont violentes, mais qu’une détresse psychologique non traitée, combinée à des circonstances de vie difficiles, peut accroître le risque que des influences néfastes s’installent. Il existe un lien complexe et bien documenté entre les problèmes de santé mentale, tels que les traumatismes, la dépression, l’anxiété ou le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), et la vulnérabilité accrue d’un jeune à la radicalisation et à l’implication dans un comportement criminel. Ce lien ne signifie pas que les personnes souffrant de problèmes de santé mentale sont intrinsèquement violentes ou dangereuses, mais il souligne plutôt comment une détresse psychologique non traitée, lorsqu’elle est associée à des facteurs de risque externes tels que l’exclusion sociale, la discrimination, la pauvreté ou l’exposition à la violence, peut créer un terrain fertile pour l’enracinement d’idéologies néfastes ou d’influences criminelles. Dans de tels cas, la douleur émotionnelle, la confusion identitaire et le manque de structures de soutien peuvent conduire les jeunes à rechercher une appartenance, un but ou un sentiment de contrôle dans des groupes ou des comportements qui offrent des solutions rapides mais dangereuses.

La santé mentale comme facteur de risque

Les jeunes réfugiés sont souvent traumatisés par la guerre, la violence ou la perte d’un être cher. Ils souffrent souvent de dépression, d’anxiété et de SSPT. Les sentiments de désespoir, d’inutilité ou d’isolement sont également fréquents et lorsque ces problèmes de santé mentale ne sont pas reconnus ou traités, les jeunes peuvent passer à l’acte en commettant des violences, des vols ou en consommant des drogues (criminalité). Ils peuvent aussi rechercher un sentiment d’appartenance, une identité ou une vengeance dans des groupes extrémistes (radicalisation).

Vulnérabilité psychologique

Les problèmes de santé mentale peuvent affecter la façon dont un jeune voit le monde, régule ses émotions et entretient des relations avec les autres. Les groupes radicaux et criminels profitent souvent de ces vulnérabilités. Ils leur offrent une identité claire (« Tu es un guerrier ! »; « Tu comptes ! »), une cause pour donner un sens à leur souffrance ou même un groupe ou une « famille » qui les accepte.

Faire face à la douleur de la mauvaise manière

Sans moyens sains de faire face aux traumatismes ou à la douleur émotionnelle, les jeunes peuvent se tourner vers la violence, la toxicomanie, les gangs ou les groupes extrémistes (pour se protéger ou appartenir à un groupe). Il s’agit de stratégies d’adaptation inadaptées, qui se révèlent utiles à court terme, mais dangereuses à long terme.

Déclencheurs sociaux et environnementaux

Les problèmes de santé mentale ne conduisent pas en eux-mêmes à la criminalité ou à des convictions radicales. Mais lorsqu’ils sont associés à la discrimination ou au racisme, à la pauvreté ou à l’exclusion, à l’absence de soutien ou d’objectif… le risque augmente. Cela signifie que l’environnement compte autant que la santé mentale de l’individu. La santé mentale

Les problèmes de santé mentale, en particulier les traumatismes et la perte d’identité, créent des lacunes émotionnelles et psychologiques. Les groupes radicaux ou criminels proposent de combler ces lacunes par de fausses solutions. C’est pourquoi la prévention doit inclure des soins de santé mentale précoces, un soutien émotionnel et des espaces sûrs permettant aux jeunes de guérir, de nouer des liens et de trouver un sens à leur vie de manière positive.

Stratégies de prévention axées sur la santé mentale

Stratégies de prévention axées sur la santé mentale

Répondre aux besoins de santé mentale des jeunes réfugiés est l’un des moyens les plus efficaces de prévenir la radicalisation et les comportements criminels. Lorsque la détresse émotionnelle est reconnue à temps et traitée avec soin, le risque que les jeunes se tournent vers des groupes ou des comportements nuisibles pour faire face à la situation est réduit. Vous trouverez ci-dessous cinq piliers clés de la prévention qui se concentrent spécifiquement sur la santé mentale, tirés à la fois de la pratique fondée sur des preuves et de l’expérience de la vie réelle.

6. VERSION SECTEURS

Interventions précoces en matière de santé mentale

L’identification et le soutien précoces sont essentiels. De nombreux jeunes réfugiés portent de profondes blessures émotionnelles dues à la guerre, au déplacement ou à la perte, mais celles-ci passent souvent inaperçues ou ne sont pas traitées. Le dépistage de la santé mentale devrait être introduit lors des processus d’admission, par exemple lorsqu’un enfant s’inscrit à l’école, rejoint un centre de jeunes ou entre dans une nouvelle communauté. Ces dépistages permettent de détecter les signes de traumatisme, de stress post-traumatique (SSPT), de dépression, d’anxiété ou d’engourdissement émotionnel. Les premiers secours psychologiques (PFA), surtout lorsqu’ils sont dispensés dans le respect des cultures et des traumatismes, peuvent offrir un soutien émotionnel immédiat. Le personnel formé dans les écoles, les centres d’accueil pour réfugiés ou les organisations communautaires peut aider à stabiliser la détresse émotionnelle et à mettre les jeunes en contact avec d’autres soins si nécessaire. Les soins tenant compte des traumatismes mettent l’accent sur la sécurité, la confiance et l’autonomisation, en veillant à ce que les jeunes se sentent en sécurité et respectés à chaque étape du processus de soutien.

Psychoéducation

De nombreux jeunes et familles sont issus de cultures où la santé mentale est stigmatisée ou mal comprise. La psychoéducation contribue à la sensibilisation et à l’acquisition d’une culture émotionnelle, deux éléments essentiels à la prévention précoce. Apprendre aux jeunes réfugiés comment les traumatismes affectent le cerveau et les émotions, quelles sont les stratégies d’adaptation saines et comment reconnaître les signes de détresse chez eux ou chez les autres les aide à prendre en main leur bien-être émotionnel. Les familles ont également besoin d’une psychoéducation pour comprendre le comportement de leurs enfants et les soutenir efficacement. Lorsque les parents apprennent que des réactions émotionnelles telles que la colère ou le repli sur soi peuvent être le signe d’un traumatisme, et non d’un mauvais comportement, ils peuvent réagir avec plus de compassion. La réduction de la stigmatisation est essentielle. Lorsque les jeunes et les familles commencent à considérer le soutien à la santé mentale comme un processus normal, positif et valorisant, ils sont plus enclins à demander de l’aide rapidement, avant que les problèmes ne dégénèrent en comportements dangereux.

Thérapie du traumatisme adaptée à la culture

De nombreux jeunes réfugiés ont vécu la guerre, la violence et le déplacement. Ces expériences entraînent souvent un syndrome de stress post-traumatique (SSPT), de l’anxiété et un engourdissement émotionnel. Les approches thérapeutiques traditionnelles ne sont pas toujours sûres ou pertinentes pour eux, en particulier lorsque les croyances culturelles et les styles de communication diffèrent. Une méthode largement utilisée est la thérapie d’exposition narrative (Narrative Exposure Therapy, NET), qui est spécifiquement conçue pour les personnes ayant vécu plusieurs événements traumatiques. Cette approche guide les jeunes dans le récit de leur vie, des événements positifs comme des événements traumatisants, de manière structurée et sûre. En les aidant à replacer les expériences traumatisantes dans une chronologie cohérente, la NET permet aux jeunes de commencer à intégrer leurs souvenirs plutôt que d’être hantés par eux. Elle rétablit un sentiment de continuité et de sens dans leur vie et s’est avérée particulièrement utile pour les populations touchées par la guerre.

Thérapie par les arts expressifs

Pour de nombreux jeunes, en particulier ceux qui sont confrontés à des barrières linguistiques ou à des blessures émotionnelles profondes, la thérapie par la parole n’est peut-être pas le point de départ le plus efficace. La thérapie par les arts expressifs offre d’autres moyens de traiter la douleur, de libérer les émotions et de construire l’identité sans nécessiter d’explications verbales. Les formes d’art telles que la danse, la musique, le théâtre, la peinture et les contes donnent aux jeunes des outils pour exprimer des sentiments qu’ils ne comprennent peut-être pas encore ou dont ils ne sont pas prêts à parler. Ces méthodes créatives contribuent à réduire l’anxiété, à améliorer l’humeur et à développer la conscience émotionnelle. Elles créent également un espace de joie, d’imagination et d’espoir, autant d’éléments essentiels au rétablissement et à la croissance. Lorsqu’elles sont intégrées à un groupe, les activités d’arts expressifs peuvent également renforcer les liens sociaux et favoriser un sentiment d’appartenance commun, contribuant ainsi à rétablir la confiance et les liens après un traumatisme.

Outils numériques de santé mentale

Comme de nombreux jeunes réfugiés sont connectés numériquement, les outils et les applications de santé mentale en ligne peuvent être de puissants compléments au soutien en personne. Ces plateformes offrent un accès discret et immédiat à des ressources psychologiques et peuvent contribuer à normaliser les conversations sur la santé mentale. Des applications comme MindShift (axée sur l’anxiété), Woebot (un chatbot utilisant des techniques fondées sur des données probantes) ou Headspace (pleine conscience et relaxation) fournissent des outils interactifs et culturellement neutres pour gérer le stress, apprendre des techniques d’adaptation et développer une conscience émotionnelle. En outre, les plateformes de narration numérique permettent aux jeunes de créer et de partager leurs propres récits par le biais de la vidéo, de l’audio ou de l’écriture. Ils jouent ainsi un rôle actif dans la lutte contre les messages négatifs ou radicaux en ligne et renforcent un sentiment d’identité fort et positif. Ces outils favorisent l’expression personnelle, l’esprit critique et la création de liens avec d’autres personnes susceptibles de partager des parcours similaires.

Des espaces sûrs et inclusifs

Les jeunes réfugiés ont besoin d’espaces sûrs où ils se sentent accueillis, respectés et valorisés. Ces environnements favorisent la guérison émotionnelle et réduisent le sentiment d’aliénation qui conduit souvent les jeunes vers des groupes extrémistes ou criminels. Les centres communautaires, les carrefours de la jeunesse ou les programmes scolaires doivent proposer des activités structurées et positives dans un environnement sans jugement et ouvert à tous. Les activités peuvent inclure l’art, le sport, des groupes de dialogue ou des projets communautaires collaboratifs. Les programmes d’intégration qui rassemblent les jeunes réfugiés et les jeunes locaux favorisent les amitiés, la compréhension mutuelle et un sentiment d’appartenance commun. Cela permet de réduire l’isolement social et de construire une identité positive, deux facteurs de protection contre la radicalisation.

TCC et formation à la résilience

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est une méthode largement reconnue pour aider les individus à reconnaître et à modifier les schémas néfastes de leurs pensées, sentiments et comportements. Pour les jeunes réfugiés, la TCC peut s’avérer particulièrement efficace :

  • Distorsions cognitives (« Je ne vaux rien » ou « Tout le monde est contre moi »)
  • Gestion de la colère et réactions impulsives
  • Sentiments de désespoir ou de vengeance liés à des traumatismes ou des injustices passés

Des ateliers de formation à la résilience en groupe complètent la TCC en enseignant des compétences de vie essentielles telles que l’alphabétisation émotionnelle, la résolution de problèmes, la résolution de conflits et la gestion du stress. Ces programmes aident les jeunes à développer des ressources internes qui les protègent des influences négatives et les préparent à affronter les défis de la vie avec confiance et sérénité.

La prévention axée sur la santé mentale ne consiste pas à étiqueter les jeunes comme étant « à risque » ou « dangereux », mais à voir leur douleur, à réagir avec compassion et à leur donner les outils et le soutien dont ils ont besoin pour se construire un avenir meilleur. Lorsque les traumatismes sont traités à un stade précoce, que les jeunes sont accueillis dans des espaces inclusifs et que les communautés sont équipées pour réagir, la voie de la radicalisation ou de la criminalité peut être interrompue avant qu’elle ne commence.

L'engagement civique comme prévention de la criminalité et de la radicalisation

Cette discrimination systématique crée des obstacles pour les immigrants et leurs descendants dans divers domaines, notamment l’éducation, l’emploi et la participation sociale, contribuant à un sentiment d’exclusion et à une faible affiliation à la société d’accueil, ce qui peut conduire à une crise d’identité. Des expériences répétées de racisme peuvent miner la confiance dans la société et conduire les immigrants à se retirer de la société d’accueil ou à ne pas s’y identifier. Cette situation est particulièrement grave et peut avoir de graves conséquences, telles que l’implication dans la criminalité et la radicalisation. Ce sentiment d’exclusion peut contribuer à l’augmentation de la criminalité et de la radicalisation chez les jeunes. L’engagement civique offre un exutoire constructif et valorisant pour ces émotions complexes. Au lieu d’exprimer leur frustration par des comportements nuisibles, les jeunes peuvent canaliser leur énergie en créant des changements, en construisant une communauté et en donnant une tribune à leur voix et à leur histoire. Moyens pratiques de participer

  1. Le bénévolat : Participez à des projets locaux, à des nettoyages environnementaux ou à des événements caritatifs.

  2. Dialogue communautaire : Rejoindre des groupes de jeunes, assister à des réunions publiques, organiser des tables rondes ou participer à des échanges culturels.

  3. Plaidoyer et récits : Partager des histoires personnelles, sensibiliser à l’expérience des réfugiés ou soutenir des causes par le biais des médias sociaux et des campagnes communautaires.

  4. Leadership informel : Prendre des initiatives dans des groupes de pairs, organiser des ateliers interactifs, aider à organiser des activités ou soutenir d’autres personnes dans des situations similaires.

Pour aider les jeunes réfugiés qui risquent de se radicaliser ou d’adopter un comportement criminel, il ne suffit pas d’être sensibilisé, il faut aussi disposer d’outils pratiques et culturellement adaptés qui s’attaquent aux causes émotionnelles et psychologiques de la vulnérabilité. Les praticiens travaillant dans les écoles, les centres communautaires, les refuges ou les services de santé mentale peuvent appliquer une série d’approches efficaces qui ont été adaptées aux réalités auxquelles sont confrontés les jeunes réfugiés. Ces méthodes doivent donner la priorité à la guérison, à la construction de l’identité, à la régulation émotionnelle et à la confiance.

Programmes de mentorat, de soutien par les pairs et de sortie de crise

Les jeunes ont besoin de relations de confiance pour guérir, grandir et développer un sentiment d’appartenance. L’un des facteurs de protection les plus efficaces contre la vulnérabilité – qu’il s’agisse de criminalité, de radicalisation ou de désespoir – est d’avoir quelqu’un à qui parler, qui comprenne leurs expériences et qui puisse les guider vers l’avenir.

Les modèles de mentorat et de soutien par les pairs jouent un rôle essentiel dans la prévention et l’autonomisation. Dans ces modèles, des jeunes plus âgés ou des adultes qui ont réussi à relever les défis du déplacement, de l’intégration ou de la sortie d’un environnement criminel ou extrémiste encadrent des pairs plus jeunes. Ces relations peuvent prendre de nombreuses formes, de l’accompagnement informel à des programmes structurés à long terme.

Caractéristiques principales du mentorat et du soutien par les pairs

  • Des relations de confiance : Les mentors sont des personnes cohérentes et fiables dans la vie d’un jeune – quelqu’un qui écoute sans juger, qui adopte des comportements positifs et qui donne des conseils pratiques.
  • Des modèles à suivre : Pour les jeunes réfugiés, le fait de voir quelqu’un qui a affronté des obstacles similaires et s’est construit une vie stable est source d’espoir et de motivation. Les mentors montrent que des parcours positifs sont possibles.
  • Des espaces de dialogue sûrs : Les programmes de mentorat créent des environnements où les jeunes se sentent en sécurité pour partager des expériences difficiles, poser des questions et exprimer des doutes.
  • Passerelles entre les communautés : Les mentors peuvent être des jeunes locaux formés à la compréhension interculturelle, à la lutte contre le racisme et à la résolution des conflits, ce qui permet de créer des liens entre les communautés de réfugiés et la société dans son ensemble.
  • Compétences nécessaires à la vie courante et définition d’objectifs : Au-delà du soutien émotionnel, les mentors peuvent aider les jeunes à développer des compétences concrètes, comme s’orienter dans le système scolaire, trouver un emploi, comprendre les lois, gérer les finances ou gérer les conflits sans violence.
  • Identité et appartenance : Ces liens contrecarrent les sentiments d’isolement et d’aliénation en renforçant le sentiment d’identité et d’utilité ancré dans des liens communautaires positifs.
🔹 Programmes de sortie de la criminalité et de l’extrémisme

Pour les jeunes déjà enchevêtrés dans des gangs ou des réseaux extrémistes, les programmes de désengagement offrent une voie de sortie organisée. Ces initiatives vont souvent de pair avec des modèles de mentorat et de soutien par les pairs pour rétablir la confiance, la sécurité et l’estime de soi.

Les programmes de sortie comprennent généralement

  • Conseils individuels : Soutien personnalisé pour traiter les traumatismes, les luttes identitaires et les motivations de l’engagement.
  • Assistance pratique : Aide en matière de logement, d’éducation, de formation professionnelle et de questions juridiques qui peuvent maintenir les jeunes dans un environnement criminel.
  • Mentorat par des messagers crédibles : Les anciens membres de gangs ou les personnes qui ont quitté des groupes extrémistes jouent souvent le rôle de mentors, utilisant leur expérience vécue pour inspirer le changement.
  • Planification de la sécurité : Réinstallation, stratégies visant à protéger les individus contre les représailles ou le re-recrutement.
  • Soutien à la famille : Impliquer les parents ou les soignants pour renforcer les réseaux de protection.
  • Réintégration dans la communauté : Activités sociales positives et possibilités de participer à la vie civique.

Ces programmes reconnaissent que le simple fait de punir ou de stigmatiser les jeunes est rarement efficace. Ils s’attachent plutôt à renforcer les capacités, à répondre aux besoins sous-jacents et à proposer de véritables alternatives à la criminalité et à l’extrémisme.

🔹 Impact plus large du mentorat et du soutien par les pairs

Lorsqu’ils sont conçus de manière réfléchie, le mentorat et le soutien par les pairs :

  • Améliorer l’estime de soi et l’efficacité personnelle.
  • Réduire la probabilité de recrutement dans les milieux criminels ou extrémistes.
  • Renforcer la résistance à la manipulation et à l’exploitation.
  • Créez des ambassadeurs du changement positif, car les jeunes qui sont encadrés deviennent souvent eux-mêmes des mentors.

Réduire le recrutement grâce à la coopération intersectorielle et multisectorielle

Pour prévenir efficacement le recrutement des mineurs réfugiés non accompagnés et des demandeurs d’asile dans des milieux criminels et des groupes extrémistes, il est essentiel de s’attaquer à la fois aux vulnérabilités individuelles et aux conditions structurelles qui augmentent le risque. Cela nécessite une coopération intersectorielle – une approche coordonnée impliquant les écoles, les services de protection de l’enfance, la police, les autorités d’immigration, les organisations de la société civile, les communautés religieuses et les professionnels de la santé mentale. La liste des acteurs impliqués n’est pas limitée et dépend de chaque cas et de chaque situation !

Objectif principal : Supprimer ou réduire les causes profondes de la criminalité et de la radicalisation

Pour « réduire le recrutement dans des environnements et des activités criminels et extrémistes en supprimant ou en réduisant les causes et les processus sociétaux et individuels », la coopération doit s’attaquer aux facteurs de risque croisés qui poussent les jeunes réfugiés vers les gangs, les réseaux de trafiquants ou les groupes radicaux qui leur offrent un sentiment d’identité, de vengeance ou d’appartenance.

Niveau
Causes/facteurs de risque
Stratégies intersectorielles
1. Causes sociétales (niveau structurel)
– Discrimination systémique et racisme dans l’éducation, le logement et les espaces publics → exclusion et ressentiment – Accès limité aux revenus légaux (restrictions de travail, pauvreté) – Procédures d’asile longues et incertaines → désespoir et méfiance – Programmes d’intégration/inclusion sous-financés → invisibilité et rejet – Polarisation et stigmatisation exploitées par les recruteurs extrémistes
– Éducation inclusive et formation professionnelle liée à l’emploi – Collaboration (municipalités, ONG, employeurs) → stages et travail digne – Réduction des délais d’attente pour l’asile et renforcement des garanties juridiques – Programmes de dialogue et de renforcement de la confiance pour contrer les récits d’exclusion
2. Causes individuelles (niveau personnel)
– Traumatismes et problèmes de santé mentale (guerre, déplacements, pertes) – Crises d’identité et aliénation → susceptibilité aux idéologies extrémistes – Absence de conseils d’adultes ou de modèles positifs – Pression des pairs et manipulation en ligne (influence des gangs, contenu radical) – Griefs non résolus (humiliation, injustice)
– Soins de santé mentale tenant compte des traumatismes et de la culture – Renforcement de l’identité par le sport, les arts et les activités communautaires – Mentorat des jeunes par des messagers crédibles (y compris des réfugiés) – Soutien familial et conseils aux parents (en particulier pour la réunification) – Formation à la culture numérique et à la résilience pour lutter contre le « grooming » en ligne
3. Dynamique propre à la radicalisation
– Recherche de sens, de justice ou de vengeance après un traumatisme ou une exclusion – Chambres d’écho en ligne et recrutement extrémiste exploitant les griefs – Promesses de statut, de respect, d’autonomisation (gangs, groupes extrémistes) – Incitations financières ou protection en cas de pauvreté ou d’insécurité
– Police de proximité fondée sur la confiance et non sur la surveillance – Programmes de sortie et soutien à la déradicalisation – Partenariats avec des groupes confessionnels et communautaires → contre-narratifs – Systèmes d’alerte précoce dans les écoles et les services sociaux

Aucun acteur ne peut à lui seul s’attaquer à la criminalité et à la radicalisation !

Jetez un coup d’œil et analysez la réunion de coordination inter-agences.

Pour que la prévention soit efficace, il faut

  • Conférences de cas conjointes entre la police, les écoles, les services de protection de l’enfance, les services de santé et les ONG. La liste des acteurs impliqués n’est pas limitée et dépend de chaque cas et de chaque situation.
  • Équipes interdisciplinaires de sensibilisation ciblant les zones à forte vulnérabilité.
  • Des protocoles de partage de données (avec des garanties de confidentialité) pour détecter les modèles de risques précoces.
  • Des interventions centrées sur les jeunes, conçues en collaboration avec les communautés touchées, afin de garantir la confiance et la pertinence culturelle.
  • Des réseaux multipartites reliant les acteurs locaux, régionaux et nationaux afin de partager les bonnes pratiques et les ressources.

En supprimant les obstacles structurels, en soutenant la résilience individuelle et en construisant des communautés inclusives, la coopération intersectorielle peut réduire de manière significative le recrutement de jeunes réfugiés dans des environnements criminels et extrémistes. Les stratégies préventives ne doivent pas seulement réagir aux menaces, mais aussi s’attaquer aux causes profondes qui font que la criminalité et les idéologies radicales apparaissent comme des voies rationnelles ou attrayantes.

Affectation

Travail à faire : Veuillez étudier les modèles et réfléchir aux éléments – ou à l’ensemble du modèle – qui pourraient être adaptés et mis en œuvre dans votre pays.

Dans différents pays, un certain nombre de programmes concrets ont démontré qu’une combinaison de différentes approches peut prévenir avec succès la radicalisation et les comportements criminels chez les jeunes vulnérables. Ces initiatives combinent le soutien thérapeutique, l’engagement communautaire et l’éducation pour répondre aux besoins psychologiques et sociaux sous-jacents qui rendent souvent les jeunes susceptibles d’être influencés de manière néfaste. Vous trouverez ci-dessous deux exemples éloquents de la manière dont ces stratégies sont appliquées dans la pratique :

  • Le programme Hayat en Allemagne HAYAT – Site web de Hedayah est l’une des initiatives les mieux établies en matière de prévention de la radicalisation islamiste. Le programme travaille directement avec les individus qui risquent d’être attirés par des idéologies extrémistes, ainsi qu’avec leurs familles. L’un des éléments clés de l’approche de Hayat est le conseil psychosocial, qui aide les jeunes à surmonter la douleur émotionnelle, à prendre conscience d’eux-mêmes et à apprendre des moyens non violents de gérer la colère, les problèmes d’identité ou l’injustice. Le programme propose également une thérapie familiale, reconnaissant qu’un environnement familial stable et favorable est essentiel pour prévenir l’isolement et renforcer un développement sain. Hayat ne vise pas seulement à « déradicaliser » les individus, il se concentre sur le rétablissement de la santé mentale, la réinsertion sociale et la restauration de la confiance au sein des familles et des communautés.
  • Le modèle d’Aarhus au Danemark Panorama pdfLe modèle d’Aarhus – Université d’Aarhus est un autre exemple pionnier : Le modèle d’Aarhus – Université d’Aarhus estun autre exemple pionnier. Il réunit une équipe pluridisciplinaire composée de policiers, d’enseignants, de psychologues, de travailleurs sociaux et de mentors communautaires. Au lieu de s’appuyer sur la punition ou la surveillance, ce modèle donne la priorité à la prise en charge et à l’inclusion. Les jeunes identifiés comme présentant un risque de radicalisation ou d’activité criminelle ont accès à une thérapie individuelle, à un mentorat et à un soutien pour reprendre des études, un emploi ou une formation professionnelle. Ce qui rend le modèle d’Aarhus particulièrement efficace, c’est qu’il met l’accent sur l’établissement de relations à long terme avec les jeunes, en les aidant à se sentir vus, entendus et valorisés, ce qui constitue des facteurs de protection essentiels en matière de santé mentale. Cette méthode basée sur les relations accroît la résilience, redonne un but et réduit les sentiments d’exclusion que les recruteurs extrémistes exploitent souvent.

Étude de cas n° 1

🎯 Cas 1 : Ali

Ali, 15 ans

Ali est arrivé seul en Europe après avoir fui le conflit armé en Afghanistan. Sa famille avait emprunté de l’argent pour payer un passeur qui lui avait promis un passage sûr et un endroit où vivre. Pendant le voyage, Ali a été détenu dans un entrepôt surpeuplé où il a été menacé de violence s’il essayait de partir.

Lorsqu’il est arrivé dans le pays de destination, le passeur l’a emmené travailler dans une ferme illégale de cannabis pour « rembourser sa dette ». On lui a dit que s’il refusait, le passeur informerait les autorités qu’il était entré illégalement, ou pire, qu’il ferait du mal à ses jeunes frères et sœurs restés en Afghanistan.

Lorsqu’un animateur de jeunesse a rencontré Ali dans le cadre d’une action de proximité dans un centre d’accueil local, il semblait anxieux et évitait le contact visuel. Il parlait d' »aider quelqu’un » mais restait vague sur les détails. Un questionnement attentif, sans jugement, et l’instauration d’un climat de confiance ont révélé des signes de …………

Questions et réponses correctes :

Signes de ……… (traite et exploitation criminelle)

Veuillez identifier les indicateurs de la traite des êtres humains et de l’exploitation criminelle.

  • La servitude pour dettes (« Vous devez travailler pour payer la dette de votre famille »).
  • Menaces et intimidations.
  • Pas de liberté de quitter le lieu de travail.
  • Pas de paiement ni de documentation.

Étude de cas n° 2

🎯 Cas 2 : Sara

Sara, 17 ans

Sara a fui la Syrie alors qu’elle était enfant et a passé plusieurs années à se déplacer entre les camps de réfugiés. Aujourd’hui, dans une ville européenne, elle lutte contre la dépression et fait de fréquents cauchemars. Elle se sent étrangère à l’école, où ses camarades se moquent de son accent et l’évitent.

En ligne, elle a commencé à se connecter à un groupe qui partageait des vidéos présentant la société occidentale comme oppressive et humiliante. Un « mentor » charismatique d’un certain âge a commencé à lui envoyer des messages privés, lui offrant son amitié et la rassurant sur le fait qu’elle faisait partie d’une grande cause. Au fil du temps, Sara a été encouragée à adopter des croyances extrémistes et à partager des contenus justifiant la violence comme moyen de retrouver sa dignité. Les enseignants de Sara ont remarqué qu’elle s’était complètement retirée des activités de la classe et qu’elle exprimait son admiration pour des personnalités extrémistes. Par l’intermédiaire d’une assistante sociale scolaire, Sara a bénéficié d’un soutien précoce en matière de santé mentale, d’un mentorat communautaire et de conseils adaptés à sa culture pour faire son deuil, reconstruire son identité et trouver une raison d’être de manière plus sûre.

Questions et réponses correctes :

Veuillez identifier le processus ? Radicalisation

Veuillez identifier les indicateurs de radicalisation ?

Réponse correcte :

  • Perte d’identité et d’appartenance.
  • Exposition à des récits radicaux en ligne.
  • Le toilettage et la manipulation émotionnelle par un recruteur.
  • Justification de la violence par la vengeance.

Résumé

Ce module a exploré les défis complexes et entremêlés de la traite des êtres humains, de la radicalisation et de la criminalité parmi les mineurs réfugiés non accompagnés et les jeunes demandeurs d’asile. Nous avons vu qu’il ne s’agit pas de problèmes isolés, mais de risques qui se renforcent mutuellement et qui sont motivés par :

  • Traumatismes et problèmes de santé mentale
  • Perte d’identité et d’appartenance
  • Exclusion sociale et discrimination
  • Manipulation par des groupes criminels organisés et des réseaux extrémistes
Facteur de risque
Impact
Réponse protectrice
Traumatisme dû à la guerre ou au déplacement
Détresse émotionnelle, méfiance, agressivité
Soins de santé mentale précoces tenant compte des traumatismes
Retrait social
Réduction des réseaux de soutien
Sensibilisation, espaces sûrs, engagement des pairs
Isolement et exclusion
Désespoir, aliénation
Activités d’intégration communautaire
Confusion d’identité
Perte d’appartenance
Adaptation culturelle, mentorat
Ciblage par les recruteurs
Manipulation et exploitation
Culture numérique, formation à l’esprit critique

La prévention et l’intervention sont nécessaires :

✅ Identification précoce des signes d’alerte
✅ Soutien tenant compte des traumatismes et de la culture
✅ Espaces sûrs et relations positives qui renforcent la confiance et la résilience
✅ Coopération intersectorielle entre les écoles, les services sociaux, les forces de l’ordre et les communautés
✅ Autonomisation des jeunes par le biais de l’engagement civique, de l’éducation et du mentorat

Lorsque les professionnels comprennent les causes profondes et la dynamique de l’exploitation et de la radicalisation, ils peuvent réagir avec compassion, compétence et des stratégies efficaces qui protègent et responsabilisent les jeunes.

Les exemples partagés – du programme Hayat en Allemagne au modèle Aarhus au Danemark – montrentque le changement est possible lorsque nous investissons dans la prévention, construisons des communautés inclusives et donnons la priorité à la santé mentale et à l’appartenance.

Principaux enseignements :

Protéger les jeunes réfugiés, ce n’est pas seulement prévenir les dommages, c’est aussi créer des environnements où tous les jeunes peuvent guérir, grandir et contribuer positivement à la société.

En appliquant les outils, les connaissances et les approches de ce module, vous faites un pas important vers la rupture des cycles d’exploitation et la construction d’un avenir plus sûr et plus prometteur.

Références et lectures complémentaires

  1. Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Santé mentale et soutien psychosocial pour les personnes relevant de la compétence du HCR(https://www.unhcr.org/protection/health)– Offre des conseils sur les traumatismes, le stress lié au déplacement et les soins de santé mentale communautaires.
  2. Organisation mondiale de la santé (OMS). Prévenir l’extrémisme par des stratégies de santé publique (2020).(https://www.who.int/publications)– Explore les dimensions de santé mentale de la prévention de la violence et de la radicalisation.
  3. Conseil de l’Europe (2021). Protéger les enfants réfugiés de la radicalisation.(https://rm.coe.int/protecting-children-against-radicalisation)– Examine les risques et les facteurs de protection parmi les jeunes réfugiés et migrants en Europe.
  4. Organisation internationale pour les migrations (OIM). Soutien psychosocial pour les jeunes dans les contextes de crise. (https://www.iom.int)– Examine les besoins psychosociaux des jeunes déplacés et établit des liens avec le travail de prévention.
  5. Centre d’excellence du RAN (Radicalisation Awareness Network). Traiter les traumatismes et prévenir la radicalisation (2019).(https://ec.europa.eu/home-affairs/what-we-do/networks/radicalisation_awareness_network_en)– détaille les stratégies de prévention fondées sur les traumatismes dans les écoles, les prisons et les milieux communautaires.
  6. Le modèle d’Aarhus (Danemark). Bertelsen, P. (2015). Danish Preventive Measures and De-radicalization Strategies (Mesures préventives et stratégies de déradicalisation danoises). Dans Journal for Deradicalization, numéro 3.
  7. Programme Hayat (Allemagne). Koehler, D. (2017). Comprendre la déradicalisation : Méthodes, outils et programmes en Allemagne. In Journal pour la déradicalisation, numéro 1.
  8. Programme STRIVE (Canada). Société John Howard du Canada (2021). STRIVE : Supporting Youth to Exit Criminal and Extremist Networks (aider les jeunes à sortir des réseaux criminels et extrémistes).(https://johnhoward.on.ca/)
  9. Commission européenne – Base de données des projets Erasmus+. Sécurité et réussite – Prévention de la radicalisation.(https://erasmus-plus.ec.europa.eu/)– Modules de formation et résultats de projets liés à l’éducation des adultes et des jeunes en matière de prévention de la radicalisation.
  10. AEDBG – Association pour l’éducation et le développement. Résultats de la formation sur la prévention de la radicalisation (Corfou, Grèce – 2021).(https://aedbg.com/)– Réflexions sur l’apprentissage des participants et stratégies de prévention liées à la santé mentale et à l’action communautaire.
  11. Silke, A. (2018). Radicalisation, terrorisme et santé mentale : Setting the Agenda. In Nature Human Behaviour, Vol. 2, 19-20. – Examine les liens entre la santé mentale et les risques et la prévention de l’extrémisme violent.
  1. Miller, A. B., et al. (2020). Community Interventions to Prevent Youth Violence and Radicalisation (Interventions communautaires pour prévenir la violence et la radicalisation chez les jeunes). In Psychological Services, 17(1), 67-78.
  2. Forebygging av ekstremisme og radikalisering | Et nettsted fra RVTS
  3. Protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, additionnel à la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée | OHCHR
  4. Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée
  5. Tore Bjørgo « Forebygging av kriminalitet » Forebygging av kriminalitet – forebygging.no