2. Cartographie et création d'un plan de développement individuel

Cartographie et création d'un IDP (plan de développement individuel)

Description :

Ce module fournit un cadre structuré pour évaluer les situations individuelles des mineurs réfugiés non accompagnés et les aider à fixer et à atteindre des objectifs de développement personnel grâce à des plans d’intervention sur mesure.

Il s’appuie sur les principes du travail social et de l’aide à la jeunesse, intégrant la prévention, l’intervention et les soins holistiques. Les interventions sont centrées sur la personne, sensibles à la culture, fondées sur l’implication des utilisateurs et adaptées au contexte et aux aspirations de chaque jeune.

Le module reconnaît l’interaction complexe des facteurs individuels, relationnels, communautaires et sociétaux qui placent les mineurs en situation de risque, nécessitant une action à plusieurs niveaux de soutien en même temps.

Objectif :

Veiller à ce que les mineurs réfugiés non accompagnés soient soutenus en toute sécurité, responsabilisés et équipés pour réaliser tout leur potentiel grâce à une évaluation complète et à l’élaboration de plans de développement personnalisés.

Résultats de l'apprentissage :

Les participants à ce module seront en mesure de

  • Développer la capacité à réaliser des évaluations écologiques holistiques.

  • Concevoir et mettre en œuvre des plans de développement individuels adaptés aux aspirations et à la situation de chaque mineur.

  • Comprendre et appliquer les principes du travail social et de l’aide à la jeunesse dans la pratique.

  • Faciliter le développement personnel, l’intégration et l’indépendance des mineurs non accompagnés.

Appliquer les principes du travail de jeunesse et du travail social dans la pratique

Introduction

Une pratique efficace avec les jeunes et les communautés nécessite une compréhension approfondie des principes fondamentaux qui sous-tendent à la fois le travail de jeunesse et le travail social. Bien que chaque discipline ait des rôles distincts, elles partagent des valeurs communes centrées sur l’autonomisation, les droits et l’inclusion sociale.

Un cadre structuré est essentiel pour évaluer les situations individuelles des mineurs réfugiés non accompagnés et pour les aider à fixer et à atteindre des objectifs de développement personnel grâce à des plans d’intervention sur mesure.

Ce cadre s’appuie sur les principes de l’aide à la jeunesse et du travail social, et intègre la prévention, l’intervention et les soins holistiques. Les interventions sont les suivantes

  • Centré sur la personne, il veille à ce que les besoins, les points forts et les aspirations de chaque jeune guident le processus ;
  • Sensible à la culture, reconnaissant et respectant la diversité des origines et des expériences ;
  • Fondé sur l’implication des utilisateurs, il encourage la participation active et l’appropriation des décisions ;
  • Adapté à la situation unique de chaque jeune, il favorise un soutien significatif et pertinent.

Cette approche reconnaît l’interaction complexe des facteurs individuels, relationnels, communautaires et sociétaux qui placent les mineurs en situation de risque. Par conséquent, elle nécessite une action coordonnée à plusieurs niveaux de soutien simultanément pour répondre efficacement à ces défis et promouvoir des résultats positifs.

Principes fondamentaux de l'animation socio-éducative

Principes fondamentaux du travail social

Appliquer les principes dans la pratique

Exemple de scénario : Soutenir un jeune en risque d'exclusion

  • Créez une relation de mentorat volontaire.

  • Utilisez des activités d’apprentissage informelles (par exemple, des projets de groupe, de l’art) pour rétablir la confiance.

  • Permettre au jeune d’explorer ses points forts et ses aspirations.

  • Plaider au sein du système scolaire pour s’assurer que leur voix est entendue.

  • Réalisez une évaluation holistique tenant compte de la famille, des amitiés, du réseau de soutien potentiel en général, de la santé et de l’éducation.

  • Veiller à ce que les droits soient respectés (par exemple, l’accès à des services éducatifs appropriés).

  • S’attaquer aux obstacles systémiques (pauvreté, discrimination) qui entravent la participation.

  • Préserver le bien-être tout en promouvant l’autodétermination.

Intégrer les deux approches

Les praticiens combinent souvent les principes pour fournir un soutien coordonné et centré sur la personne, qui soit à la fois responsabilisant et protecteur. L’application des principes de l’aide à la jeunesse et du travail social dans la pratique n’est pas une approche unique. Elle requiert de la flexibilité, une réflexion critique et un engagement à responsabiliser les individus et à lutter contre l’injustice. En ancrant notre travail dans ces valeurs fondamentales, nous créons des espaces sûrs où les jeunes et les communautés peuvent s’épanouir.

Théorie et approche de la cartographie et de la PDI

Réflexion et développement pour les professionnels travaillant avec un groupe cible

Les praticiens doivent :

  • Réfléchir à leurs propres valeurs, préjugés et pouvoir.

  • S’engager dans un apprentissage continu pour s’adapter à des besoins divers.

  • Chercher à être supervisé afin de respecter les normes éthiques et la responsabilité professionnelle.

La prévention comme approche

La prévention portera sur tous les types d’influences négatives sur le groupe cible, y compris les facteurs aux niveaux individuel, relationnel, communautaire et sociétal.

Au niveau individuel, la prévention se concentre sur le renforcement de la résilience, de l’estime de soi et des capacités d’adaptation des jeunes afin de réduire leur vulnérabilité à l’exploitation, aux abus et aux problèmes de santé mentale.

Au niveau des relations, les efforts favoriseront le développement de liens sûrs et de confiance avec les pairs, les soignants et les adultes qui apportent leur soutien, tout en identifiant et en atténuant les risques associés aux relations néfastes et à l’isolement.

Au niveau de la communauté, la prévention implique la création d’environnements inclusifs et l’accès à l’éducation, aux activités récréatives et aux ressources locales qui favorisent l’appartenance, la stabilité et l’engagement positif.

Au niveau sociétal, la prévention vise à lutter contre la discrimination, à réduire les obstacles systémiques et à plaider en faveur de politiques qui protègent les droits et le bien-être des mineurs réfugiés non accompagnés.

Ensemble, ces stratégies de prévention créent un environnement protecteur qui réduit les facteurs de risque, renforce les facteurs de protection et favorise le développement sain et l’intégration des jeunes.

L'intervention comme approche

Intervention

L’intervention du travailleur social est l’engagement de ce dernier auprès d’un individu, d’une famille, d’un groupe ou d’une communauté qu’il aide. Dans ce cas, nous voudrions nous éloigner des approches uniformes et donner la priorité aux interventions qui sont personnellement et individuellement adaptées aux besoins des enfants en déplacement. Un plan d’intervention (plan de développement individuel) est formulé sur la base de l’évaluation de la personne afin de garantir les meilleures chances de réussite. Parmi les stratégies d’intervention, citons le conseil, l’intervention en cas de crise, l’organisation communautaire, la gestion de cas, le plaidoyer et l’écoute active.

Approche holistique

Une approche holistique consiste à examiner tous les facteurs sociaux de la vie d’une personne, plutôt que de se concentrer sur une seule question. Avec une approche holistique, les travailleurs sociaux peuvent examiner toutes les principales facettes de la vie d’un client afin de mieux déterminer les questions sous-jacentes qui peuvent être à l’origine de problèmes, de détresse émotionnelle ou de changements de comportement négatifs. En comprenant bien pourquoi une personne se comporte d’une certaine manière, le travailleur social peut formuler un plan efficace pour aider son client à surmonter les difficultés. Lorsqu’il s’agit d’analyser un individu de manière holistique, il existe une grande variété de méthodes. Nous allons utiliser la théorie de la perspective écologique.

Théorie de la perspective écologique

Il est essentiel d’en savoir plus sur les événements qui ont façonné la personnalité et les circonstances de l’individu pour résoudre les problèmes auxquels il est confronté. La théorie des systèmes écologiques – également connue sous le nom de théorie de l’écologie humaine ou de développement en contexte – étudie la manière dont les environnements des individus les façonnent pour qu’ils deviennent ce qu’ils sont. La théorie de la perspective écologique prend en compte les facteurs sociaux spécifiques de la vie d’une personne pour déterminer le raisonnement qui sous-tend son comportement. Appliquée au travail social, la théorie de la perspective écologique aborde le comportement en examinant les processus environnementaux et sociétaux qui influencent une personne, ses réactions aux changements dans son environnement et la transformation de son état de santé général, de son comportement et de son attitude.

Cartographie

Cartographie (évaluation)

Réaliser une évaluation (collecte d’informations) pour aider à comprendre la situation qui affecte l’utilisateur du service. Interpréter les données, ce qui peut offrir au client ou à la personne qui l’oriente une autre façon de voir le problème. Élaborer un plan de développement individuel en collaboration.

Une évaluation complète pour comprendre les besoins, les vulnérabilités, les forces et les circonstances de chaque mineur en utilisant une approche holistique et écologique.

Domaines d’intervention:

  • Données démographiques de base: Âge, sexe, identité culturelle, statut juridique, raisons du départ et trajet effectué.

  • Santé et santé mentale: Besoins médicaux, bien-être physique et psychologique, antécédents traumatiques.

  • Éducation et compétences: Langue maternelle/connaissance d’autres langues, niveau d’éducation/formation académique, besoins d’apprentissage, intérêts professionnels.

  • Relations familiales et sociales: Attachement, relations avec les pairs, perte et séparation.

  • Identité et appartenance: Liens culturels, sentiment d’identité, inclusion sociale.

  • Facteurs environnementaux et communautaires: Logement, stabilité économique, risques pour la sécurité.

  • Considérations juridiques: Procédure d’asile, tutelle, mesures de protection.

La cartographie est un processus collaboratif quiassocie la voix du mineur, des observations professionnelles et des contributions des parties prenantes concernées.

Appartenance et intégration

L’appartenance est un besoin humain fondamental. La participation à des activités sociales et culturelles favorise la confiance, l’estime de soi et la compréhension mutuelle. Les relations précoces sont essentielles au développement des compétences linguistiques, à l’adoption de valeurs communes et à l’établissement de liens avec les pairs et les autorités. La confiance et l’appartenance naissent des relations sociales quotidiennes. L’absence de tels liens peut conduire à l’exclusion ou à la ségrégation, contribuant à la solitude, aux problèmes de santé mentale et à la passivité. Pour les enfants et les jeunes, il est essentiel de nouer des relations dès le plus jeune âge pour avoir le sentiment de faire partie d’une communauté. La participation à diverses activités sociales et culturelles aide les immigrants à faire l’expérience de l’appartenance et à développer des compétences linguistiques. C’est une condition préalable pour que les immigrés adhèrent à des valeurs sociétales communes et fassent confiance aux autres et aux autorités.

L’approche intégrée de la cartographie et de la création de PDI garantit que les mineurs réfugiés non accompagnés sont soutenus d’une manière holistique, digne et responsabilisante. Grâce à la collaboration, à des interventions sur mesure et à l’accent mis sur l’appartenance et la participation, nous pouvons les aider à construire une vie sûre et épanouissante dans leurs nouvelles communautés.

Plan de développement individuel (PDI)

Une feuille de route personnalisée décrivant les objectifs, les ressources et les actions visant à soutenir la croissance et l’intégration du mineur. Un plan de développement individuel (PDI) est un outil personnalisé utilisé pour définir les objectifs d’une personne et les étapes nécessaires pour les atteindre. Il est souvent utilisé dans des contextes de développement de carrière et de croissance professionnelle, aidant les individus à planifier leur avenir, à suivre leurs progrès et à aligner leurs aspirations personnelles sur les objectifs de leur organisation ou sur des objectifs de carrière plus larges.

  • Vision et aspirations: Ce que le mineur espère réaliser.

  • Objectifs: Des objectifs à court et à long terme clairement définis.

  • Évaluation des compétences actuelles: Points forts et domaines à développer.

  • Activités de développement: Éducation, formation aux aptitudes à la vie quotidienne, conseils et parcours professionnels.

  • Délais et étapes: Un calendrier structuré pour suivre les progrès réalisés.

  • Soutien et ressources: Mentors, services et atouts de la communauté.

  • Suivi et révision: Évaluation et adaptation régulières du plan.

Étapes de la mise en œuvre du PDI

1. Évaluation et identification

Évaluation initiale: Dès l’arrivée ou l’identification du mineur, procédez à une évaluation complète de ses besoins immédiats, notamment en matière de santé physique et mentale, de sécurité et de besoins essentiels tels que la nourriture, les vêtements et le logement.

Statut juridique et documentation: Veillez à ce que le statut juridique de l’enfant soit documenté et à ce qu’il soit enregistré auprès des autorités compétentes. Facilitez l’accès aux procédures d’asile ou à d’autres protections juridiques.

Évaluation multidisciplinaire de l'âge des enfants migrants

De nombreux enfants migrants/réfugiés arrivent dans l’UE sans papiers, et leur identité et leur âge ne sont souvent pas clairs. En cas de doute sur l’âge d’une personne, les autorités peuvent procéder à une « évaluation de l’âge », un processus visant à déterminer si la personne est un enfant. Il est essentiel d’identifier rapidement les enfants non accompagnés ou séparés parmi les adultes. Tout retard dans l’identification peut entraîner un accueil inadéquat, l’absence du soutien nécessaire, voire la détention administrative avec des adultes, ou l’exposition aux risques de traite, de criminalité et d’exploitation. Le fait d’être reconnu le plus tôt possible comme mineur d’âge ouvre l’accès aux droits et garanties spécifiques aux enfants dans le cadre de la procédure d’asile. Il est également important que les procédures d’évaluation de l’âge soient menées dans le respect des droits de la personne et que les résultats soient fiables. Avec l’adoption du Pacte européen sur l’asile et les migrations en mai 2024, l’UE a introduit pour la première fois des règles communes sur les procédures d’évaluation de l’âge menées dans le cadre des procédures d’asile. La directive sur les procédures d’asile (2013/32/UE) ne fournissait que des orientations limitées sur l’évaluation de l’âge et, plus précisément, ne contenait que des règles et des garanties procédurales spécifiques relatives à l’utilisation de méthodes médicales d’examen. L’AUEA a fourni des orientations sur l’évaluation de l’âge, mais les pratiques en la matière dans les États membres sont restées diverses. Peu d’États membres ont appliqué jusqu’à présent la méthode d’évaluation pluridisciplinaire de l’âge qui est obligatoire en vertu de l’article 25 du règlement relatif aux procédures d’asile (2024/1348) et, par conséquent, les connaissances et l’expérience acquises jusqu’à présent sur l’application de cette méthode sont encore limitées.

  • Évaluation de la vulnérabilité : Évaluez le niveau de risque auquel l’enfant est exposé, en tenant compte de facteurs tels que l’âge, le sexe, les traumatismes passés et les conditions de vie actuelles.

2. Mesures de protection immédiate

Hébergement sûr : assurez-vous que toutes les procédures ont été suivies pour que le mineur ait accès à un environnement sûr et adapté à l’enfant, tel qu’une famille d’accueil, un foyer collectif ou un centre d’hébergement spécialisé pour mineurs non accompagnés. Veillez à ce que l’environnement soit équipé pour répondre à leurs besoins spécifiques.

Services de santé et de santé mentale : Organisez des évaluations médicales et psychologiques immédiates. Fournir un accès continu aux soins de santé, y compris des services de santé mentale tenant compte des traumatismes.

Désignation du tuteur: Organisez la désignation du tuteur légal ou de l’avocat qui agira dans l’intérêt supérieur de l’enfant, en veillant à ce qu’il ait une personne responsable de sa prise en charge et de sa représentation légale.

3. Soutien psychosocial

Conseils et soutien aux victimes de traumatismes: Proposez des services de conseil individuels et collectifs pour traiter les traumatismes, les pertes et le stress liés au déplacement. Utilisez des approches culturellement et linguistiquement appropriées. Par exemple, un médiateur culturel.

Groupes de soutien par les pairs: Faciliter les groupes de soutien par les pairs où les mineurs non accompagnés peuvent entrer en contact avec d’autres personnes se trouvant dans des situations similaires, afin de réduire l’isolement et de créer un sentiment d’appartenance à la communauté.

Recherche et regroupement familial: Travaillez avec des organisations internationales pour retrouver les membres de la famille et, si possible et dans l’intérêt supérieur de l’enfant, facilitez le regroupement familial.

4. Éducation et développement des compétences

Accès à l’éducation: Assurer un accès immédiat et continu à l’éducation. Cela comprend l’enseignement formel ainsi que l’enseignement non formel qui pourrait combler les lacunes dues à une éducation interrompue.

Apprentissage des langues: Donner accès à des cours de langue pour aider les mineurs à s’intégrer dans leur nouvel environnement et à participer pleinement à la société.

Formation aux compétences de la vie courante: Proposez une formation aux compétences de la vie courante, y compris les connaissances financières de base, les soins personnels et les compétences d’intégration sociale. Cette formation est particulièrement importante pour les mineurs plus âgés qui approchent de l’âge adulte.

5. Soutien juridique et plaidoyer

Services d’aide juridique: Fournir un accès à l’aide juridique pour aider à naviguer dans la procédure d’asile, comprendre leurs droits et assurer une protection en vertu du droit international. Le soutien ne doit pas se limiter aux processus et procédures de demande d’asile, mais doit également aider les mineurs à s’orienter dans les complexités bureaucratiques plus larges qu’ils rencontrent dans le nouveau pays.

Plaidoyer et éducation aux droits de l’homme: Défendre les intérêts des mineurs dans les forums locaux et internationaux afin de garantir la protection de leurs droits et de faire entendre leur voix dans les processus de prise de décision qui affectent leur vie. Sensibiliser les mineurs à leurs droits et à la manière d’accéder aux services et aux mécanismes de protection disponibles.

6. Intégration et soutien à long terme

Intégration dans la communauté: Faciliter l’intégration dans la communauté locale par le biais de programmes de mentorat, d’activités extrascolaires et d’initiatives d’engagement communautaire.

Programmes de mentorat: Mettez les mineurs en contact avec des mentors adultes qui peuvent les guider, les soutenir et leur servir de modèle lors de leur passage à l’âge adulte. En outre, faciliter les connexions avec des pairs locaux pour aider à construire des amitiés, renforcer les réseaux sociaux et promouvoir un sentiment d’appartenance à la communauté.

Transition vers l’indépendance: Pour les mineurs plus âgés, élaborez des plans de transition qui les préparent à une vie indépendante, y compris une formation professionnelle, des services de placement et une aide au logement.

7. Suivi et évaluation

Suivi régulier: Surveillez en permanence le bien-être des mineurs, en évaluant leur santé physique, émotionnelle et sociale. Ajustez les plans de soins si nécessaire.

Mécanismes de retour d’information: Mettre en place des canaux permettant aux mineurs de donner leur avis sur les services qu’ils reçoivent, afin de s’assurer que leur voix est entendue dans le cadre de leur propre prise en charge.

Évaluation et adaptation: Évaluer régulièrement l’efficacité des mesures de protection et adapter la méthodologie en fonction du retour d’information, des changements de circonstances et de l’évolution des meilleures pratiques.

8. Collaboration et coordination

Équipes multidisciplinaires: Constituez des équipes pluridisciplinaires adaptées à chaque cas, car la composition de l’équipe dépendra des besoins spécifiques. Par exemple, ces équipes peuvent comprendre des travailleurs sociaux, des juristes, des prestataires de soins de santé, des éducateurs, des psychologues et des médiateurs culturels.

Partenariats avec les ONG et les organisations internationales: Collaborer avec les ONG/services gouvernementaux, les agences des Nations unies et d’autres parties prenantes pour garantir des soins complets, en tirant parti des ressources et de l’expertise.

Coordination intersectorielle: Travailler avec les agences gouvernementales, les forces de l’ordre et les établissements d’enseignement afin de mettre en place un système de soutien homogène pour les mineurs.

Approche fondée sur les traumatismes

Les soins tenant compte des traumatismes sont essentiels lorsqu’on travaille avec des mineurs non accompagnés qui ont souvent connu la guerre, la violence, la perte et le déplacement.

Une approche fondée sur les traumatismes reconnaît la prévalence et l’impact des traumatismes et donne la priorité aux pratiques qui :

  • Promouvoir la sécurité – créer desenvironnements prévisibles et stables qui évitent les traumatismes répétés.

  • Instaurer la confiance – garantir latransparence, l’honnêteté et la cohérence dans toutes les interactions.

  • Permettre le choix et le contrôle – donner auxjeunes la possibilité de s’exprimer sur les décisions qui les concernent.

  • Soutenir la régulation émotionnelle – en utilisant desstratégies pour aider à gérer les sentiments accablants.

  • Respecter le contexteculturel – reconnaîtrele rôle de la culture dans la guérison et la résilience.

En intégrant les principes de l’approche fondée sur les traumatismes dans l’évaluation, la planification et l’intervention, les professionnels créent une base pour la guérison, la résilience et la croissance.

Implication des participants

La participation active du jeune est au cœur de cette approche. L’implication des mineurs dans le processus d’évaluation et de planification garantit que leurs expériences, leurs préférences et leurs aspirations sont respectées et reflétées dans leur plan de développement individuel. Lorsque les jeunes ont une voix significative dans la définition de leurs propres objectifs et des étapes pour les atteindre, ils sont plus susceptibles de se sentir responsabilisés, motivés et engagés dans leur parcours de développement. Ce processus participatif permet également de renforcer la confiance entre le mineur et les professionnels, d’améliorer l’estime de soi et de promouvoir un sentiment d’appropriation et d’action. En fin de compte, l’implication des participants est essentielle non seulement pour faire respecter les droits de l’enfant, mais aussi pour créer des plans pertinents, réalistes et plus susceptibles de réussir.

Réseaux d'orientation et collaboration externe

Aucune organisation ne peut à elle seule répondre à tous les besoins d’un jeune réfugié. Il est essentiel de construire et d’entretenir un réseau de services externes de confiance : prestataires de soins de santé, aide juridique, formation professionnelle, soutien à la santé mentale, activités récréatives et organisations communautaires. Les orientations doivent se faire avec le consentement éclairé du jeune, qui doit être préparé et responsabilisé dans ce processus. Il est essentiel de construire et d’entretenir un réseau professionnel de confiance. Dans la mesure du possible, le personnel doit s’efforcer de travailler avec des services qu’il connaît et en qui il a confiance – où il est certain que le jeune sera traité avec dignité, professionnalisme et attention. Les relations que nous établissons avec d’autres prestataires se répercutent sur l’expérience du jeune ; s’il se sent irrespectueux ou négligé par un service qui lui a été recommandé, cela peut également entamer la confiance qu’il a en nous.

La confidentialité et le consentement sont essentiels lors de l’échange d’informations entre services. Les professionnels doivent toujours

  • Ne partagez que les informations pertinentes, selon le principe du « besoin de savoir »;
  • Obtenez le consentement éclairé du jeune, sauf en cas de problème de protection ;
  • Expliquez clairement au jeune pourquoi les informations sont partagées et en quoi elles l’aideront.

En bref, la collaboration n’est pas seulement une question de logistique, c’est aussi une question de respect. Le respect des limites et des contributions des autres professionnels et, surtout, le respect de la jeune personne au centre de tout cela.

Communication interculturelle

La communication interculturelle est un principe fondamental lorsqu’il s’agit de travailler avec des mineurs réfugiés non accompagnés dont l’identité, la langue et la vision du monde diffèrent de la culture dominante du pays d’accueil. Une communication interculturelle efficace :

Reconnaît et respecte la diversité culturelle
Reconnaît les croyances, valeurs et traditions culturelles qui façonnent l’identité et les expériences des jeunes.

Réduit les malentendus et les obstacles
Aborde les barrières linguistiques potentielles, les signaux non verbaux et les hypothèses culturelles qui peuvent avoir un impact sur la confiance, la participation et l’efficacité du service.

Favorise la compréhension et la confiance mutuelles
Promeut un environnement dans lequel les mineurs se sentent vus, entendus et respectés, quelle que soit leur origine.

✅ Renforce l’engagement et l’appartenance
Aide les jeunes à exprimer leur point de vue, à participer aux décisions et à se sentir inclus dans leur nouvelle communauté.

Stratégies de communication interculturelle :

  • Faites appel à des interprètes qualifiés ou à des médiateurs culturels pour faciliter une communication claire et éviter les malentendus.
  • Faites preuve d’une écoute active, en suspendant votre jugement et en clarifiant le sens avant de répondre.
  • Soyez conscient des normes culturelles concernant le contact visuel, les gestes, l’espace personnel et l’expression émotionnelle.
  • Reconnaître les dynamiques de pouvoir entre les professionnels et les mineurs qui peuvent affecter l’ouverture ou la divulgation.
  • Intégrer des pratiques culturellement pertinentes dans l’évaluation, la planification et les interventions.
  • Fournir des documents et des informations dans des langues que les mineurs comprennent pour s’assurer qu’ils comprennent leurs droits et leurs choix.
  • Proposez au personnel des formations sur l’humilité culturelle, la lutte contre les préjugés et la communication efficace entre les cultures.

En intégrant la communication interculturelle dans tous les aspects de l’évaluation, de la planification et du soutien, les praticiens établissent des relations de confiance qui permettent aux mineurs de participer pleinement à l’élaboration de leur vie.

Utilisation efficace des traducteurs et interprètes

Le travail avec les mineurs réfugiés non accompagnés nécessite souvent le soutien de traducteurs ou d’interprètes professionnels afin de surmonter les barrières linguistiques et de garantir une communication claire et précise. Il est essentiel d’utiliser correctement les traducteurs pour respecter la voix du mineur, instaurer la confiance et éviter les malentendus.

Lignes directrices pour l'utilisation des traducteurs :

  1. Faites appel à des professionnels qualifiés et neutres :
    Engagez toujours des interprètes formés et impartiaux qui comprennent la confidentialité et la nature délicate du travail. Évitez de faire appel à des membres de votre famille, à des amis ou à des personnes non formées, car cela peut compromettre la précision et le respect de la vie privée.

  2. Informez l’interprète à l’avance :
    Fournissez au traducteur des informations générales pertinentes (sans rompre la confidentialité) et expliquez-lui l’objectif de la session pour l’aider à se préparer.

  3. Expliquez son rôle au mineur :
    Présentez l’interprète au mineur en lui expliquant son rôle de facilitateur linguistique neutre qui traduira tout ce qui est dit au cours de la conversation.

  4. Parlez directement au mineur :
    Adressez-vous au mineur à la première personne, en maintenant un contact visuel et en prononçant des phrases courtes et claires. Évitez de parler à l’interprète plutôt qu’au client.

  5. Prévoyez du temps et de la patience :
    N’oubliez pas que l’interprétation prend du temps. Parlez lentement et faites des pauses fréquentes pour permettre une traduction précise. Encouragez le mineur à poser des questions ou à demander des éclaircissements.

  6. Maintenir la confidentialité et le professionnalisme :
    Assurez-vous que toutes les parties comprennent l’importance de la confidentialité. L’interprète doit respecter les normes éthiques et garder toutes les informations confidentielles.

  7. Soyez sensible à la culture :
    Les traducteurs peuvent également contribuer à combler les fossés culturels. Encouragez-les à fournir un contexte si nécessaire, mais évitez de vous fier à eux pour porter des jugements ou prendre des décisions.

  8. Vérifiez la compréhension :
    Vérifiez régulièrement que le mineur comprend les informations qui lui sont communiquées. Utilisez un langage simple et demandez au mineur de répéter ou de résumer les points clés.

  9. Documenter les besoins linguistiques :
    Tenez un registre clair de la langue préférée du mineur et de toute mesure d’adaptation prise pour faciliter la communication.

L’utilisation efficace des traducteurs est vitale pour responsabiliser les mineurs non accompagnés, en veillant à ce qu’ils participent pleinement aux évaluations, à la prise de décision et à la planification, et à ce que leurs droits et leurs besoins soient correctement compris et pris en compte.

PDI et orientation professionnelle

Plan de développement individuel (PDI) (veuillez consulter le module 4 Orientation professionnelle pour obtenir plus d’informations sur le PDI dans le contexte de l’orientation professionnelle):

Un plan de développement individuel (PDI) est un plan personnalisé et structuré qui aide une personne, en particulier une personne en situation de vulnérabilité, à identifier ses besoins :

✅ S ituation actuelle et besoins
Points forts et objectifs
Obstacles ou défis
Actions concrètes et soutien requis
Personnes ou services responsables
Calendrier et suivi

Principaux éléments d’un PDI

  • Guides d’intégration et de stabilisation (logement, santé, statut juridique)

  • Soutien au bien-être psychosocial (soutien émotionnel, capacités d’adaptation)

  • Facilite l’éducation et l’apprentissage des langues

  • Préparation au travail ou à la formation professionnelle

  • Renforcement des liens sociaux et de l’indépendance

Objectifs de carrière: Objectifs professionnels clairement définis à court et à long terme. Il peut s’agir des fonctions et des formations souhaitées, des compétences à développer et des étapes à franchir.

Évaluation des compétences actuelles: Une évaluation des compétences actuelles de l’individu, de ses points forts et des domaines à améliorer. Elle permet d’identifier les écarts entre l’état actuel et l’état futur souhaité.

Activités de développement: Actions ou activités spécifiques conçues pour aider l’individu à acquérir les compétences et l’expérience nécessaires. Il peut s’agir de programmes de formation, de mentorat, d’expériences sur le lieu de travail ou de formation continue.

Calendrier: Un calendrier décrivant la date à laquelle l’individu vise à atteindre des étapes spécifiques. Cela permet de maintenir l’élan et de s’assurer que les progrès sont réalisés de manière systématique.

Soutien et ressources: Identification des ressources, telles que les mentors, les programmes de formation ou le soutien financier, qui contribueront à la réalisation du plan de développement.

Suivi et révision: Un système permettant d’évaluer régulièrement les progrès réalisés par rapport au plan. Il peut s’agir d’un retour d’information de la part des superviseurs, d’une auto-évaluation ou d’examens formels périodiques.

En bref :
Un PDI est comme une feuille de route qui aide un jeune à avancer pas à pas vers la sécurité, l’appartenance et l’autonomie, avec le soutien de professionnels.

Étude de cas

Ibrahim est un réfugié de 20 ans qui vient d’arriver dans un nouveau pays. En raison des conflits et des déplacements, Ibrahim n’a pas pu terminer ses études secondaires. Il parle couramment sa langue maternelle et a des connaissances limitées en anglais. Il est très motivé, a une forte éthique de travail et souhaite devenir financièrement indépendant tout en contribuant à sa nouvelle communauté. Ibrahim souhaite travailler de ses mains – peut-être dans la construction, la logistique ou un métier comme la menuiserie ou la réparation automobile. Son objectif est de se construire une carrière stable, en commençant par une formation pratique et un emploi, et en reprenant éventuellement des études à l’avenir.

Jetez un coup d’œil au plan de développement individuel (PDI) d’Ibrahim. Cet exemple combine :

  • Soutien pratique (logement, santé, orientation juridique)
  • Soutien émotionnel (conseils, liens avec la communauté)
  • Développement des compétences (langue, formation professionnelle)
  • Planification de l’intégration à long terme.

Mission : Examinez l’exemple (PDI d’Ibrahim) et créez un plan de développement individuel (PDI) pour Mohammad.

Muhammad est un mineur non accompagné de 17 ans qui est arrivé dans le pays il y a six mois après avoir fui un conflit armé. Il a perdu le contact avec sa famille pendant le voyage et n’a pas eu de nouvelles depuis. Depuis son arrivée, il vit dans un centre d’hébergement collectif pour jeunes réfugiés.

Muhammad parle couramment sa langue maternelle et a acquis quelques compétences de base en matière de communication dans la langue locale, mais il a encore du mal à établir des interactions plus complexes. Il est timide et souvent renfermé, préférant passer du temps seul. Le personnel a observé qu’il évite les activités de groupe et hésite à s’ouvrir aux adultes.

Cependant, Muhammad a montré des intérêts clairs. Il aime le football et joue régulièrement seul ou regarde des matchs. Il a exprimé le souhait de retourner à l’école, bien qu’il ne dispose pas de documents attestant de ses études antérieures. En outre, Muhammad a récemment mentionné qu’il aimerait avoir un jour un emploi à temps partiel afin de gagner un peu d’argent, de gagner en indépendance et d’aider ses frères et sœurs s’il parvient un jour à renouer avec eux. Il est particulièrement intéressé par le travail avec les animaux ou par une activité physique, comme le jardinage, les services de livraison ou le travail dans un entrepôt.

Muhammad souffre de stress, d’un manque de sommeil et de pensées récurrentes au sujet de sa famille disparue. Ces problèmes émotionnels affectent sa concentration et sa motivation. Il n’a actuellement ni famille ni réseau de soutien dans son nouveau pays, et il ne comprend pas bien la procédure d’asile ni comment planifier son avenir.

Risques de causer involontairement d'autres dommages en l'absence d'une formation adéquate

Travailler avec des mineurs réfugiés non accompagnés requiert des compétences et des connaissances spécialisées. Sans une formation adéquate en matière de soins tenant compte des traumatismes, de sensibilité culturelle et de protection de l’enfance, les professionnels risquent de causer involontairement d’autres préjudices à des jeunes déjà vulnérables.

Pour atténuer ces risques, il faut

Formation complète et continue de l’ensemble du personnel sur les approches fondées sur les traumatismes, la compétence culturelle, la protection de l’enfance et les cadres juridiques.

Supervision et pratique réflexive pour aider les professionnels à relever les défis et à améliorer leurs compétences.

Créer des environnements sûrs et favorables où les mineurs se sentent respectés et habilités à partager leurs expériences à leur propre rythme.

Collaboration avec des équipes pluridisciplinaires afin de fournir des soins complets et éclairés.

Compte tenu de la complexité et de la vulnérabilité des mineurs non accompagnés, il est essentiel que les professionnels soient correctement formés pour que les interventions soient sûres, respectueuses et efficaces, et qu’elles favorisent la guérison et le développement positif plutôt que de nuire.

Évaluation partie 1

Évaluation partie 2

Références et lectures complémentaires

Collaboration en matière de santé mentale et de soutien psychosocial (MHPSS)

https://app.mhpss.net/resources/

Soins tenant compte des traumatismes chez les jeunes réfugiés et immigrés

https://www.youtube.com/watch?v=5zvGu-iBGPo

The Outcome Star™ (Triangle Consulting)

https://outcomesstar.org/

CPIMS+ (Child Protection Information Management System) – par l’UNICEF/le HCR

https://www.cpims.org/

Logiciel de gestion de cas basé sur le cloud, conçu pour les services à la jeunesse et les services communautaires.

https://www.lamplightdb.co.uk/

Un ensemble d’outils pratiques comprenant la planification de la sécurité, la fixation d’objectifs et la coordination interagences.

https://resourcecentre.savethechildren.net/

Lignes directrices inter-agences pour la gestion des cas – [L’Alliance pour la protection de l’enfance dans l’action humanitaire].

https://alliancecpha.org/en/technical-materials/inter-agency-guidelines-case-management-and-child-protecti

Cadres généraux du travail de jeunesse et du travail social :

Mineurs réfugiés non accompagnés – Risque, protection et soins holistiques :

Orientations politiques et pratiques pour le travail avec les jeunes réfugiés :