11. ACCÈS AUX SERVICES JURIDIQUES ET AU REGROUPEMENT FAMILIAL
Introduction
Description :
Ce module est conçu pour renforcer la capacité des professionnels de première ligne travaillant avec des mineurs non accompagnés, des réfugiés et des demandeurs d’asile à fournir un soutien juridique et procédural efficace, en mettant l’accent sur le regroupement familial, les défis liés à l’évaluation de l’âge et l’accès aux services juridiques. Fondé sur les principes des droits de l’homme, le cours fait le lien entre les cadres juridiques et l’application pratique dans des contextes migratoires transnationaux et souvent complexes.
Ce module est destiné aux praticiens, aux fournisseurs d’abris, aux conseillers juridiques et au personnel des services d’intégration opérant dans les pays partenaires et dans le monde entier. Il offre des outils pratiques, des scénarios réels et des exercices de réflexion pour aider les apprenants à comprendre et à naviguer dans les voies juridiques pour les mineurs non accompagnés et les personnes en déplacement. Combinant des approches d’apprentissage expérientiel, autodirigé et basé sur les problèmes, le cours prépare les participants à s’engager dans les systèmes juridiques d’une manière qui promeut la protection, la dignité et les droits des jeunes en situation de vulnérabilité.
Objectif :
Fournir aux professionnels travaillant avec des mineurs non accompagnés, des réfugiés et des demandeurs d’asile les connaissances juridiques essentielles et les outils pratiques nécessaires pour aider les jeunes à faire valoir leurs droits. En mettant l’accent sur le regroupement familial, la représentation légale et les défis liés à l’évaluation de l’âge, le cours fait le lien entre la théorie et la pratique dans des contextes où une action opportune et informée est cruciale.
Grâce à des scénarios réels et à un apprentissage interactif, les participants comprendront mieux comment appliquer les cadres juridiques, coordonner efficacement au sein d’équipes multidisciplinaires et défendre les droits et la protection des jeunes en déplacement.
Résultats de l'apprentissage :
A l’issue de ce cours, les apprenants seront capables de :
- Décrire les principaux droits légaux et les garanties procédurales pour les mineurs non accompagnés et les jeunes demandeurs d’asile.
- Reconnaître et analyser les problèmes juridiques courants, y compris le manque de documentation et les évaluations contestées de l’âge.
- Appliquer les procédures juridiques pertinentes pour faciliter les demandes d’asile, les recours et les procédures de regroupement familial.
- Collaborer avec d’autres professionnels pour assurer un soutien coordonné aux mineurs dans les centres d’hébergement ou les lieux de transit.
- Communiquer clairement les informations juridiques aux jeunes et à leurs réseaux de soutien.
Comprendre le cadre juridique pour les mineurs non accompagnés et les jeunes en mouvement
Ce chapitre fournit une compréhension fondamentale des droits, définitions et obligations juridiques qui s’appliquent aux mineurs non accompagnés, aux jeunes, aux réfugiés et aux demandeurs d’asile, en particulier ceux qui sont en mouvement et peuvent manquer de documents ou d’un soutien stable. Il introduit des définitions juridiques clés, décrit les cadres internationaux et européens pertinents et explique les protections que les praticiens doivent assurer dans leur travail quotidien. Cela comprend à la fois les droits en droit (asile, vie de famille, aide juridique) et les droits en pratique (identification, accueil en toute sécurité, représentation juridique).
Le contenu est conçu pour les prestataires de services d’hébergement, les travailleurs sociaux et les conseillers juridiques qui aident les jeunes à traverser les frontières ou dans des contextes d’accueil, dans les pays partenaires et dans l’UE. Le module se concentre sur la transformation des principes juridiques en mesures pratiques qui soutiennent les droits, la dignité et la sécurité des jeunes.
Définitions clés et statut juridique
Principes juridiques
- L’intérêt supérieur de l’enfant (BIC) : Ce principe est la pierre angulaire de toutes les décisions concernant les enfants et est inscrit à l’article 3 de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant (CDE). Il exige que le bien-être, la sécurité et le développement à long terme de l’enfant soient au centre de toutes les actions administratives ou judiciaires. Dans le contexte de l’asile, l’évaluation de l’intérêt supérieur de l’enfant doit être effectuée lors de la prise de décisions concernant l’hébergement, la tutelle, les conflits d’âge et le regroupement familial. Selon l’Agence de l’Union européenne pour l’asile (EUAA), les considérations relatives à l’intérêt supérieur doivent être individualisées et impliquer la participation de l’enfant dans la mesure du possible.
- Droit de demander l’asile Tous les enfants, quels que soient leur âge, leurs papiers ou leur statut juridique, ont le droit de demander l’asile en vertu du droit international (Convention sur les réfugiés de 1951) et de la législation européenne. Ce droit comprend l’accès à un entretien individuel de demande d’asile et le droit à une assistance juridique au cours de la procédure.
- Principe de l’unité de la famille Les enfants ont le droit de vivre avec leur famille dans la mesure du possible. Lorsqu’ils ne sont pas accompagnés, des efforts doivent être faits pour les retrouver et les réunir avec leurs parents ou leurs tuteurs légaux/coutumiers, si cela est dans l’intérêt supérieur de l’enfant. Ce principe est soutenu par la CDE (articles 9 et 10) et par divers instruments de l’UE, notamment le règlement Dublin III et la directive sur le regroupement familial (2003/86/CE).
- Non-discrimination Les États sont tenus de garantir l’égalité des droits indépendamment de la nationalité, du sexe, de l’orientation sexuelle, du handicap ou du statut d’immigrant (Convention relative aux droits de l’enfant, article 2).
- Bénéfice du doute En l’absence de preuves concernant l’âge ou les liens familiaux, il faut présumer que la personne est mineure et donner la priorité aux mesures de protection (Comité des droits de l’enfant, Observation générale n° 6).
- Accès à la justice Tous les enfants et adolescents ont droit à une assistance juridique gratuite, à des interprètes et à des procédures adaptées à leur âge et à leur maturité (Règles de Brasilia 2008).
Les garanties juridiques et procédurales en pratique
- Identifiez rapidement les mineurs non accompagnés : Cela se fait aux frontières, dans les refuges ou dans les lieux de transit. Si leur statut n’est pas reconnu rapidement, les enfants risquent d’être traités comme des adultes ou d’être exclus des protections essentielles.
- Désignez un tuteur ou un représentant légal : Conformément au droit européen (directive 2013/33/UE, article 24), les mineurs non accompagnés doivent se voir désigner sans délai un tuteur ou un représentant. Cette personne est responsable de l’intérêt supérieur de l’enfant tout au long de la procédure d’asile.
- Veillez à ce que les procédures soient adaptées aux enfants : Les entretiens, les formulaires et les évaluations doivent être adaptés au niveau de maturité de l’enfant, à son état émotionnel et à ses antécédents. Les représentants légaux et les interprètes doivent être formés à des approches adaptées aux enfants.
- Assurer l’accès à l’éducation, aux soins de santé et au logement : Les conditions d’accueil doivent être adaptées aux enfants et correspondre à leurs besoins de développement. Les installations à grande échelle ou de type détention ne sont pas considérées comme appropriées selon les normes de l’UE.
- Permettre l’accès à des documents temporaires : Des documents d’identification provisoires sont délivrés pour permettre un accès immédiat aux soins de santé, à l’éducation et à un abri dans l’attente de la détermination du statut d’immigration.
- Représentation juridique immédiate : Les bureaux des avocats des enfants et des adolescents agissent en tant que tuteurs temporaires pour garantir l’accès aux procédures d’asile sans délai.
- Soins psychosociaux liés aux questions juridiques : Les ONG intègrent le soutien psychosocial dans les conseils juridiques afin de réduire la revictimisation au cours des entretiens et des procédures.

Identifier rapidement les mineurs non accompagnés

Désigner un tuteur ou un représentant légal

Garantir des procédures adaptées aux enfants

Assurer l'accès à l'éducation, aux soins de santé et au logement

Fournir un accès à la documentation temporaire

Représentation juridique immédiate

Les soins psychosociaux liés aux questions juridiques
Lacunes et défis
Malgré des cadres juridiques solides, des défis pratiques subsistent :
- Le manque de documents et d’identification entraîne souvent une classification tardive ou incorrecte. De nombreux mineurs ne sont pas enregistrés en tant que tels à leur arrivée, ce qui leur fait perdre l’accès aux protections spécifiques aux enfants.
- Le manque de coordination entre les différents secteurs (juridique, médical, social) entraîne souvent une fragmentation de l’aide. Cette situation est particulièrement problématique pour les enfants en transit ou ceux qui sont déplacés d’un refuge à l’autre, d’une région à l’autre ou d’un pays à l’autre.
- Outil pratique pour les équipes de première ligne.
Situation détectée | Action immédiate recommandée | Acteur principal | Règlements d’appui |
|---|---|---|---|
![]() Enfant sans tuteur légal | Demandez un rendez-vous immédiat devant l’autorité de protection | Bureau du procureur général ou médiateurs | Art. 20 de la CDE. 20, loi sur les migrations (Mexique), principes directeurs du HCR |
![]() Séparation des familles | Activer les protocoles de localisation et les mesures de précaution pour empêcher le transfert/la déportation | HCR, ONG, OIM | CDE art. 9, Avis OC-21/14 |
![]() Barrière linguistique | Demander un interprète qualifié et une assistance culturelle médiatisée | OIM, consulats, ONG | CDE art. 12 et 13 |
![]() Risque de rendement | Invoquer le principe de non-refoulement et de protection internationale immédiate | OIM, HCR, médiateurs, tribunaux | Convention de 1951 et jurisprudence de la CIDH |
Évaluation de l'âge et vérification de l'identité
Ce chapitre examine l’un des défis juridiques et procéduraux les plus délicats de l’aide aux mineurs non accompagnés : la détermination de l’âge et de l’identité en l’absence de documents crédibles. Il souligne les limites des méthodes d’évaluation actuelles, les implications juridiques des conflits d’âge et le rôle des canaux diplomatiques dans la vérification de l’identité, tout en mettant l’accent sur la protection de l’enfance et le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant.
- La plupart des mineurs non accompagnés arrivent sans pièce d’identité valable, sans acte de naissance ni passeport. Cette situation est souvent due à un conflit armé, à un déplacement, à la traite des êtres humains ou à l’absence d’enregistrement à l’état civil dans leur pays d’origine.
- L’âge détermine l’accès aux services spécifiques aux enfants, aux procédures légales, aux conditions d’accueil et aux protections contre la détention ou l’expulsion. Une classification erronée en tant qu’adulte peut exposer les jeunes à des risques accrus.
- Selon l’Agence européenne pour l’asile (EUAA), aucune méthode disponible ne permet de déterminer l’âge d’une personne avec certitude. Les approches courantes (telles que les scanners osseux ou dentaires) sont médicalement et éthiquement controversées et sujettes à d’importantes marges d’erreur.

Absence de documents et d'identité légale

L'importance de l'âge dans la protection juridique

Défis liés à l'évaluation de l'âge
Meilleures pratiques :
- N’utilisez les évaluations de l’âge qu’en dernier recours, et jamais de manière isolée.
- Privilégiez les évaluations holistiques qui comprennent des entretiens, des évaluations psychologiques et la prise en compte de l’histoire et du comportement du jeune.
- Informez toujours l ‘enfant de la procédure dans sa langue et autorisez la présence d’un conseiller juridique.
- Présomption de minorité : En cas de doute raisonnable, le demandeur doit être considéré comme mineur jusqu’à preuve du contraire (Comité des droits de l’enfant, Observation générale n° 6).
- Méthodes non invasives : Les évaluations doivent privilégier les entretiens psychosociaux, l’observation du comportement et l’examen des documents avant les examens médicaux.
- Consentement éclairé : Aucun test ne peut être effectué sans expliquer la procédure à l’enfant et obtenir son consentement (ou celui de son tuteur légal).
- Droit à l’assistance juridique : L’enfant doit bénéficier de l’assistance d’un avocat ou d’un tuteur tout au long de la procédure d’évaluation.
- Examen indépendant : Des mécanismes doivent être mis en place pour contester les résultats douteux ou incohérents.
Rôle des ambassades et des autorités consulaires
Dans certains cas, les autorités s’adressent à l’ambassade du pays d’origine de l’enfant pour vérifier son identité ou lui délivrer des documents. Toutefois, cette démarche doit être effectuée avec une extrême prudence :
Si un enfant a obtenu l’asile, il est interdit de contacter l’ambassade ou le consulat de son pays d’origine, sauf dans de rares cas approuvés par la loi.
Pourquoi ?
- Convention de 1951 sur les réfugiés et non-refoulement – Aucune action susceptible de renvoyer ou d’exposer un réfugié à la persécution, même indirectement.
- Principes directeurs du HCR – Les contacts avec les ambassades risquent de révéler la localisation de l’enfant, ce qui mettrait en danger l’enfant ou sa famille.
- Convention relative aux droits de l’enfant – L’intérêt supérieur et la protection des enfants réfugiés doivent primer.
- Lois nationales – De tels contacts portent atteinte à la confidentialité, à la protection des données et aux garanties en matière d’asile.

Ne demandez pas de documents et ne vérifiez pas l'identité par l'intermédiaire des autorités du pays d'origine.

Utilisez des alternatives sûres (registres nationaux, HCR, ONG de confiance).

Même en cas de consentement, les autorités de protection doivent évaluer - et généralement rejeter - ce type de contact.
Étapes d'une évaluation éthique de l'âge
Outil rapide : Étapes recommandées pour une évaluation éthique de l’âge.
L’évaluation de l’âge n’est pas seulement une procédure technique, c’est une décision qui a un impact direct sur la vie du mineur. Elle peut signifier l’accès ou l’exclusion des abris, de l’éducation, des soins médicaux et de la protection internationale. La priorité doit être de protéger et non de contrôler.
![]() Étape | ![]() Action recommandée | ![]() Partie responsable |
|---|---|---|
1 | Identifier les doutes sur l’âge et les consigner dans le dossier | Autorité d’immigration ou de protection |
2 | Désignez immédiatement un tuteur légal et un avocat | Agence de protection de l’enfance (bureau du procureur général, ONG) |
3 | Mener d’abord des entretiens et une évaluation psychosociale | Travailleur social, psychologue |
4 | Évitez les examens médicaux invasifs, n’y recourez qu’en dernier ressort. | Personnel médical formé |
5 | Garantir le droit de faire appel des résultats | Bureau du défenseur public, tribunaux |
Outils d'assistance juridique de première ligne et d'autonomisation
Cette partie du cours se concentre sur la manière de rendre les services juridiques visibles, accessibles et autonomisants pour les mineurs non accompagnés et les jeunes demandeurs d’asile. Elle explore les stratégies clés pour établir la confiance, fournir des informations juridiques par le biais de sessions de groupe, utiliser les interprètes de manière efficace et impliquer les jeunes dans leur propre parcours juridique.
Actions clés / Principes | Outils pratiques / Exemples | |
|---|---|---|
![]() Une aide juridique visible et accessible | Accès immédiat et gratuit à une représentation juridique dès le premier contact. Présentation claire à l’arrivée dans les centres d’hébergement. Rendre les services visibles (photos, coordonnées, heures d’ouverture). Interactions informelles et constantes, pas seulement des réunions formelles. | Affiches et dépliants dans les centres d’hébergement Le personnel juridique visite régulièrement les parties communes. Cartes de contact des prestataires d’aide juridique. |
![]() L’interprétation comme garde-fou | Les interprètes sont des partenaires fondés sur les droits, et non de simples traducteurs. Ils doivent être formés, sensibles au genre et aux émotions. Instaurez un climat de confiance en discutant. Fournissez des explications claires, simples et culturellement appropriées. | Aides visuelles et infographies en plusieurs langues. Utilisation de médiateurs culturels. Présentations avant la session entre les mineurs et les interprètes. |
![]() Ateliers de groupe sur les droits juridiques | Utilisez des formats dirigés par les pairs/co-facilités. Expliquer la procédure d’asile et les termes de base. Comment renouveler les permis, signaler la violence liée au sexe et la traite des êtres humains. Informer sur les droits à l’éducation, au logement, aux soins de santé. Évitez la revictimisation et les interrogatoires répétés. Assurez-vous de la participation active de l’enfant. | Exercices de jeux de rôle. Sessions interactives de questions-réponses. Espaces sécurisés pour le partage d’expériences. |
![]() Outils de cartographie du parcours juridique | Utilisez des supports visuels pour simplifier les procédures d’asile. Incluez des points de référence et des listes de contrôle. Racontez des histoires entre pairs pour normaliser les difficultés. Brigades juridiques itinérantes visitant les refuges. Veillez à ce qu’aucun enfant ne soit laissé sans informations de base sur l’asile. Brochures visuelles (OIM) avec des dessins et un langage simple. | Cartes juridiques illustrées. Brochures de poche sur les droits juridiques. Équipes juridiques itinérantes dans les États frontaliers. |
Outil : Protocole des premières étapes de l'assistance juridique
Outil rapide : Protocole des premières étapes de l’assistance juridique
Cette partie du cours se concentre sur la manière de rendre les services juridiques visibles, accessibles et autonomisants pour les mineurs non accompagnés et les jeunes demandeurs d’asile. Elle explore les stratégies clés pour établir la confiance, fournir des informations juridiques par le biais de sessions de groupe, utiliser les interprètes de manière efficace et impliquer les jeunes dans leur propre parcours juridique.
L’absence d’assistance précoce est l’un des principaux facteurs conduisant aux déportations, aux détentions prolongées ou à la séparation des familles. Une intervention immédiate et coordonnée entre les centres d’hébergement, les ONG et les défenseurs publics est essentielle pour protéger les droits fondamentaux.
![]() Moment | ![]() Action recommandée | ![]() Partie responsable |
|---|---|---|
Réception initiale | Expliquer les droits et les procédures de base dans un langage clair et accessible | Personnel des refuges, équipes juridiques |
Les 24 premières heures | S’assurer de la présence d’un tuteur ou d’un représentant légal, informer le bureau du défenseur public et enregistrer la situation. | Bureau chargé du développement de l’enfant, défenseurs publics, ONG |
Premier contact avec les autorités chargées de l’immigration | Assurer la présence d’un avocat et d’un interprète, fournir des formulaires de demande d’asile ou de protection | Juriste de garde, responsable du traitement des demandes d’asile |
Suivi | Maintenir une communication claire sur les rendez-vous, les échéances et les documents requis | Conseiller juridique désigné, travailleur social |
Prévention de la revictimisation | Se coordonner pour éviter les entretiens répétitifs et offrir un soutien psychosocial | Équipe pluridisciplinaire |
En outre, il est également important de tenir compte des éléments suivants :
- Identifier les vulnérabilités cachées : Les acteurs juridiques doivent être formés à repérer les signes de :
- Trafic, coercition ou contrôle par d’autres personnes.
- Violence sexiste et traumatisme.
- Jeunes à haut risque en raison d’un rejet, d’un sans-abrisme ou d’une maladie mentale.
- L’exercice du droit en tenant compte des traumatismes : Une approche sensible aux traumatismes comprend :
- Ralentir, utiliser un langage corporel ouvert, éviter le jargon juridique.
- Offrir un espace pour la répétition, le silence et la reprogrammation.
- Rétablir la confiance dans les institutions en traitant chaque rendez-vous juridique comme un moment de dignité
Coordination multidisciplinaire et transnationale en matière de protection de l'enfance
Ce module examine le besoin critique d’une coordination inter-agences et multidisciplinaire pour soutenir les mineurs non accompagnés et les jeunes en déplacement. Il explique comment les acteurs de la protection de l’enfance, de la justice, de la société, de la santé et de l’immigration doivent coopérer aux niveaux local et transfrontalier. Il présente également les définitions, les cadres institutionnels et les meilleures pratiques pour une coordination durable, fondée sur les droits et alignée sur les normes de l’OIM et les normes internationales de protection de l’enfance.
Équipe multidisciplinaire (MDT) : Professionnels des domaines juridique, social, médical, psychologique et de la tutelle qui travaillent ensemble pour évaluer l’intérêt supérieur de la personne et planifier des solutions durables.
Mécanisme de protection transnational : Processus coordonnés entre les pays (origine, transit, destination) pour assurer la continuité des soins, la vérification de l’identité et la recherche ou la réunification des famillesemm.iom.int.
Une coordination efficace : Au-delà du cadre institutionnel
Bien qu’il existe des cadres juridiques et des définitions pour les équipes multidisciplinaires et les mécanismes de protection transnationaux, dans la pratique, la coordination entre les acteurs est souvent fragmentée, ce qui entraîne des retards, des entretiens en double, voire des séparations inutiles de familles.
Une coordination efficace nécessite des rôles clairs, des protocoles de communication sécurisés et une confiance mutuelle entre les institutions gouvernementales, les organisations internationales et la société civile.
Dans divers contextes mondiaux et latino-américains, trois éléments ont été identifiés pour renforcer cette coordination :
- Équipes intégrées en face à face : Lorsque les avocats, les psychologues, les travailleurs sociaux et les tuteurs légaux travaillent physiquement dans le même espace, les contradictions sont évitées et l’intérêt supérieur de l’enfant est privilégié.
- Protocoles d’échange d’informations : Des plateformes sécurisées et normalisées d’échange de données entre pays permettent d’accélérer le regroupement familial, de réduire le risque de traite et de prévenir les expulsions injustifiées.
- Dialogue direct avec les mineurs : Les enfants doivent être impliqués dans les décisions relatives aux transferts, à la recherche de parents et aux options de protection. Minimiser les décisions unilatérales susceptibles d’affecter leur bien-être.
De la protection immédiate aux solutions durables
Créer des parcours sûrs et stables pour les mineurs non accompagnés et les jeunes en mouvement
Cette dernière partie fournit aux participants les outils nécessaires pour soutenir des solutions durables et fondées sur les droits pour les mineurs non accompagnés et les jeunes réfugiés. S’appuyant sur les orientations internationales de la CNUDE, du HCR et de l’OIM, elle se concentre sur la planification à long terme au-delà de l’aide juridique immédiate : de la construction de parcours individuels (comme la réunification familiale, la régularisation ou la réinstallation) à la garantie de la continuité des soins grâce à une coopération intersectorielle et transfrontalière.
Il présente également des outils pratiques permettant aux professionnels d’accompagner les jeunes en transition et d’assurer leur intégration ou leur retour en toute sécurité , dans le respect de leur autonomie et de leur intérêt supérieur.
Planification des cas et parcours de transition
Les professionnels doivent collaborer très tôt avec les jeunes, les tuteurs et les experts juridiques pour élaborer un plan de transition clair. Cela inclut
- Cartographie du parcours juridique (résidence, recours, regroupement)
- Accès à l’éducation et au logement
- Soutien à la santé et à la santé mentale
- Des contrôles réguliers permettent d’ajuster le plan en fonction de l’évolution de la situation juridique ou émotionnelle.
Conseil: utilisez des « cartes de parcours de vie » ou des « feuilles de route juridiques » visuelles avec l’enfant pour l’aider à comprendre les options et les droits à chaque étape.
Soutien à l’intégration ou au retour
Pour l’intégration : | Pour le retour (uniquement s’il est volontaire et respectueux des droits) : |
|---|---|
Aidez les jeunes à s’inscrire à l’école, à obtenir une carte d’identité/de séjour et à entrer en contact avec des mentors. Coordonnez avec les services municipaux pour obtenir un logement, des cours de langue et une aide à l’emploi. | Veillez à ce que les agences de protection de l’enfance du pays d’origine puissent assurer le suivi. Les directives de l’OIM exigent une planification avant le départ, un accueil en toute sécurité et un suivi après le retour. |
Attention ! Le retour ne doit jamais être forcé et ne doit avoir lieu que s’il est sûr, digne et dans l’intérêt supérieur de l’enfant. | |
L’autonomisation des jeunes dans la prise de décision
Les solutions durables doivent
- Informer l’enfant et le faire participer
- Refléter l’évolution de la maturité et des souhaits
- S’appuyer sur les points forts (langue, réseaux sociaux, résilience)

Informer l'enfant et le faire participer

Refléter l'évolution de la maturité et des souhaits

S'appuyer sur les points forts (langue, réseaux sociaux, résilience)
Les professionnels doivent :
- Utilisez des formats adaptés aux enfants lorsque vous présentez des options.
- Laissez aux jeunes le temps et l’espace nécessaires pour réfléchir.
- Incluez des médiateurs culturels ou des mentors pour les pairs dans les conversations.
Surveillance, suivi et orientation
Une transition réussie nécessite :
- Suivi programmé (tous les 3-6 mois)
- Systèmes d’orientation dans tous les secteurs (juridique, santé, éducation)
- Mise à jour de la détermination de l’intérêt supérieur (DIS) en cas de changement de la situation de l’enfant
Principaux enseignements :
- Les solutions durables sont au cœur du travail juridique et de protection des mineurs non accompagnés.
- Les transitions doivent être soigneusement planifiées, centrées sur l’enfant et suivies dans le temps.
- Les professionnels doivent donner aux jeunes les moyens de comprendre et de codécider de leur parcours.
Au-delà de la protection immédiate : L'importance d'une planification précoce
Si la prise en charge initiale des enfants et adolescents non accompagnés tend à se concentrer sur la sécurité, l’hébergement et la représentation juridique, l’objectif ultime devrait être de garantir des solutions stables et durables qui empêchent de nouvelles situations de risque ou de mobilité forcée à l’avenir.
L’expérience mondiale montre que les premiers jours sont cruciaux pour déterminer des trajectoires de vie plus sûres. Les retards dans la mise en place d’une tutelle légale, de documents et d’itinéraires de regroupement familial augmentent le risque de disparition, de traite, d’exploitation ou de retour forcé. Les équipes de protection doivent donc travailler dès le départ avec une vision à moyen et long terme.
Défis communs à la mise en place d’une politique durable de l’emploi
- Lenteur des procédures bureaucratiques : Les procédures de régularisation et de regroupement familial peuvent prendre des années.
- Manque de coordination transfrontalière : Chaque pays applique des critères différents pour prouver les liens familiaux.
- Accès limité à l’éducation et à l’emploi : Sans perspectives d’intégration locale, les mineurs et leurs familles peuvent être contraints de migrer à nouveau.
- Suivi insuffisant : de nombreux enfants perdent le soutien institutionnel après avoir obtenu un statut légal ou après la réunification, restant ainsi vulnérables à de nouvelles violences.

Lenteur des procédures bureaucratiques : Les procédures de régularisation et de regroupement familial peuvent prendre des années.

Manque de coordination transfrontalière : Chaque pays applique des critères différents pour prouver les liens familiaux.

Accès limité à l'éducation et à l'emploi : Sans perspectives d'intégration locale, les mineurs et leurs familles peuvent être contraints de migrer à nouveau.

Suivi insuffisant : de nombreux enfants perdent le soutien institutionnel après avoir obtenu un statut légal ou après la réunification, restant ainsi vulnérables à de nouvelles violences.
Recommandations pour renforcer la protection à long terme
- Mettre en œuvre des procédures accélérées de regroupement international, en particulier pour les enfants et les adolescents ayant des parents proches dans d’autres pays, conformément aux normes des organismes internationaux de protection des droits de l’homme.
- Faciliter la régularisation précoce et la délivrance de documents afin de garantir l’accès à l’éducation, aux soins de santé et aux programmes sociaux.
- Mettre en place des réseaux de soutien communautaire et des mentors pour les mineurs nouvellement régularisés ou réunifiés, afin d’éviter qu’ils ne soient isolés.
- Suivre les dossiers pendant au moins la première année, en veillant à ce que la solution adoptée améliore réellement leurs conditions de vie et n’entraîne pas de nouvelles violations.
Étude de cas
-Rencontrez une jeune femme de Sierra Leone qui est arrivée à Velos à l’âge de 17 ans. Enceinte et victime de violences sexistes, elle a dû faire face à d’immenses défis. Conscients de son besoin urgent de protection et de soutien, nous l’avons orientée vers un refuge pour mineurs et avons informé le secrétaire général pour les mineurs de sa situation. Alors qu’elle était mineure, elle a été représentée par un avocat du refuge. Lorsqu’elle a eu 18 ans, elle est retournée à Velos pour continuer à bénéficier d’un soutien juridique. En tant qu’adulte, elle avait besoin d’aide pour divers aspects de sa nouvelle vie. Nous l’avons aidée à obtenir son numéro de sécurité sociale et son numéro de travail. En outre, elle a eu deux rendez-vous pour préparer son entretien, qui a été reporté deux fois. Tout au long de cette période, son bébé a été enregistré dans son dossier d’asile, ce qui a permis à son enfant de bénéficier d’une protection. Elle a également reçu des conseils juridiques sur les questions d’emploi, ce qui l’a aidée à s’orienter dans les complexités du marché du travail en tant que jeune mère. Aujourd’hui, elle est une jeune mère qui travaille, optimiste et enthousiaste quant à son avenir, incarnant la résilience et l’espoir au fur et à mesure qu’elle avance dans sa vie.
-Xyla s’est d’abord adressée à Velos pour obtenir des informations juridiques concernant sa demande d’asile rejetée. Nous avons introduit une nouvelle demande et, heureusement, nous avons réussi à obtenir un rendez-vous d’enregistrement pour octobre 2023. Entre-temps, les documents de Xyla avaient expiré et la seule preuve de sa résidence légale en Grèce était l’attestation de son rendez-vous pour l’enregistrement de la demande ultérieure. Malheureusement, il a été arrêté par la police au début du mois de mai et a ensuite été placé en détention administrative dans un centre de détention. Nous avons contesté la décision des autorités policières de le placer en détention, en leur fournissant une déclaration relative à son jeune âge. En conséquence, Xyla a été libéré et l’enregistrement de sa demande est en cours.
-S.A. avait un besoin urgent de renouveler ses documents rapidement, car la procédure normale de renouvellement prend généralement jusqu’à 10 mois. Ce retard aurait compromis sa capacité à rendre visite à sa sœur en Suède, un voyage crucial pour son bien-être mental et le regroupement familial. En outre, la précarité de son statut juridique a accru son anxiété, exacerbant encore son état psychiatrique.
Intervention juridique : Dès qu’il a pris en charge le dossier, l’avocat a évalué la situation et a identifié la nécessité d’une demande d’accélération de la procédure en raison de l’état de santé de S.A.. Une demande complète de renouvellement de la décision a été présentée, accompagnée de documents justificatifs émanant de professionnels de la santé et attestant de l’urgence de son cas.
En collaboration avec l’avocat, S.A. a mené à bien la procédure de renouvellement en trois étapes :
- Demande de renouvellement de la décision.
- Empreintes digitales pour la vérification biométrique.
- Délivrance de la décision finale.
La demande mettait l’accent sur l’urgence médicale et la nécessité d’un traitement rapide. Grâce à l’intervention de l’avocat, la demande de procédure accélérée de S.A. a été acceptée et la décision a été rendue beaucoup plus rapidement que le délai habituel.
Résultat : S.A. a obtenu le renouvellement de sa décision, ce qui lui a permis de demander un document de voyage et de poursuivre son objectif de rendre visite à sa sœur en Suède. Cette affaire met en évidence l’importance cruciale de la défense juridique dans les processus bureaucratiques complexes, en particulier pour les personnes vulnérables ayant des besoins urgents.
Réflexions : Ce cas souligne l’importance d’un soutien juridique efficace et opportun pour les demandeurs d’asile vulnérables. Une intervention précoce et des documents solides à l’appui peuvent conduire à des résultats positifs, même dans des scénarios difficiles. Cependant, la longueur des procédures standard reste un problème urgent, souvent incompatible avec les besoins urgents des personnes vulnérables. Garantir un traitement accéléré des dossiers médicaux doit être une priorité pour préserver les droits et le bien-être des demandeurs d’asile.
Lectures complémentaires, sources et références
- Agence européenne pour l’asile (EUAA) : Conditions d’accueil des enfants non accompagnés
- Convention des Nations unies sur les droits de l’enfant (CDE), 1989
- Directive 2013/33/UE (Conditions d’accueil)
- Directive 2013/32/UE (Procédures d’asile)
- Règlement Dublin III (UE n° 604/2013)
- Commission européenne : Plan d’action sur l’intégration et l’inclusion (2021-2027)
- Lignes directrices de l’EUAA pour l’évaluation de l’âge (2023)
- UNHCR Working with Unaccompanied and Separated Children (Travailler avec les enfants non accompagnés et séparés) : Manuel de terrain
- Boîte à outils de l’OIM sur les enfants non accompagnés et conseils de protection et d’assistance du MIgrants
- Guide pratique del’EASO sur l’intérêt supérieur et l’évaluation de l’âge
- HCR (2022). Travailler avec les enfants non accompagnés et séparés : Manuel de terrain
- EUAA (2023). Guide pratique sur l’évaluation de l’âge
- Convention relative aux droits de l’enfant (CDE)
- OIM (2021). Droit international de la migration : Glossaire sur les migrations
- UNHCR (2008) Principes directeurs sur la détermination de l’intérêt supérieur de l’enfant
- OIM (2021) Lignes directrices pour un retour et une réintégration tenant compte des besoins des enfants
- EUAA (2023) Outils pratiques pour des solutions durables en matière de protection de l’enfance
- Comité des droits de l’enfant des Nations unies, Observation générale n° 14 sur l’intérêt supérieur de l’enfant (2013)
- AMERA International (2023). Lignes directrices pour la pratique du droit tenant compte des traumatismes
- Directive 2011/36/UE relative à la lutte contre la traite des êtres humains
- AIDA (Asylum Information Database) – Rapports par pays
- Manuels du HCR et de l’OIM sur la protection des enfants






